dimanche 28 juillet 2019

Émotion musicale

Bonjour.

Comme le savez, la musique est vitale pour moi. Elle est au centre de mon être, et je ne vis que pour elle. Ainsi, il est normal que je réfléchisse à son sujet, essayant de mettre des mots sur les sensations qu'elle me procure. Le très court texte que je vous partage ici énonce un des aspects de la valeur sensible de la musique.

Je suis musicien. J’ai assez de bagage pour comprendre la musique, ou au moins pour théoriser beaucoup d’aspects de certaines compositions. J’ai accès à un certains degré d’abstraction musical.
Cependant, ce qui me touche en tant qu’auditeur puis en tant que musicien, c’est l’inconnu. Le fait de ne pas comprendre.
L’émotion est fondamentale en art. Si ce n’est pas systématique, il me semble qu’elle est quand même intimement liée à l’inconnu, l’impalpable. L’émotion peut venir de l’inconnu de la théorie, se laissant uniquement porter par  ce que l'on entend, sans être capable de « comprendre » ce qu’on entend (dans le sens d’abstraction selon la théorie musicale, car on peut comprendre une chanson sans cela, la musique étant le support d’un message, d’un sentiment, d’une émotion, d’une intention, etc). Une fois la théorie maîtrisée, l’inconnu subsiste. Même dans la théorie musicale, l’émotion vient de l’inconnu de l’interprétation… Voir même d’autres niveaux d’inconnus que je n’appréhende pas… Comme par exemple l’émotion que met l’artiste, le musicien, dans sa chanson, via sa composition, son interprétation…

Les plus belles choses sont celles qu’on ne comprend pas, qu’on ne peut analyser autrement qu’avec les émotions qu’elles nous provoquent !


Le principe de l'inconnu est essentiel pour moi. Il est lié à l'émotion, et c'est pourquoi il est si important en musique. Contrairement à ce que l'on peut penser, l'inconnu subsistera toujours. On peut savoir qu'une certaine suite d'accord provoque telle émotion. Mais on ne peut pas savoir pourquoi. C'est pourquoi la musique est et restera toujours pour moi "mystique" voir "magique". Elle transporte une sensibilité qui n'est pas explicable. Si elle est un support logique et cartésien, elle porte bien plus. Elle a une "âme". Ainsi, cette inconnue qu'est ce lien entre valeur  rationnelle et valeur sensible est fondamentale. Il confère un niveau supérieur de beauté. Il se cultive, et s'explore. Plus on acquiert l'une de ces deux valeurs, plus on est envoûté par la beauté profonde de ce lien. Les correspondances sont les plus belles choses de l'univers. Jamais la musique ne me sera démystifiée, car c'est sa nature même. 

Rébellion d'esprit

Bonjour.

Voici un court texte écrit récemment, qui dévoile un de mes traits de caractère. Il est important pour moi de verbaliser qui je suis au fond de moi, en opposition à ce que je laisse paraître.

J’ai toujours été un rebelle… Un rebelle d’esprit ! Pour être libre, et exister avec le moins de contraintes possibles, je me suis plié aux règles, me faisant discret. La stratégie est simple : ne pas se faire remarquer pour être tranquille. Mais je n’en ai jamais pensé moins ! Si je me fais discret, si je m’efface en société, mon esprit lui reste actif. J’ai toujours gardé mon esprit, mes pensées, mes convictions. Je me suis juste retenu de les exprimer à voix haute, afin d’éviter qu’on les maltraite… Je suis unique, seul, à part… Je suis une anomalie, un artiste… Je suis différent ! J’ai donc tout le potentiel dans cette société pour être rejeté et maltraité, ne serait-ce qu’incompris. J’ai depuis très longtemps le sentiment d’être seul contre tous, seul face au monde… Ainsi, la discrétion a été mon arme de prédilection, surtout que je n’aime pas le conflit. J’ai accepté de jouer le jeu, jusqu’à un certains point de rupture… Je m’adapte en apparence à la société, agissant comme elle le souhaite, mais en gardant mon esprit libre, rebelle… J’agis comme elle le voudrait, mais je ne pense pas comme elle le voudrait. Cette stratégie fonctionne jusqu’à un certains point, jusqu’au moment où je ne peux plus jouer à ce jeu sans mettre en danger mon esprit, et donc mon être. Je dois faire attention au moment où le jeu d’acteur commence à atteindre ses limites, au moment où le mensonge commence à prendre le pas sur la vérité… Je suis capable de dire stop au bon moment, je m’adapte pour mon salut… Je révèle un peu de moi pour changer de jeu, basculant d’un rôle social simulé à un autre, un brin plus sain. Je joue dans la société, car elle ne me conviendra jamais. Je sauve les apparences, je soigne la surface, acceptant ma différence mais la gardant pour moi. Je suis qui je suis, sans le montrer. J’ai accepté de jouer afin de gagner. Car malgré ces concessions, malgré ce jeu, je suis et serait toujours rebelle. Un rebelle d’esprit !


Je suis féministe

Bonjour.

Voici aujourd'hui un texte que j'ai écrit il y a quelques jours. Comme souvent, il traite d'un aspect de ma personnalité que je ne revendique pas. Je suis féministe, mais je ne le revendique pas. En effet, il s'agit d'une valeur tellement élémentaire pour moi qu'elle ne devrait pas nécessiter de questionnement. Malheureusement, comme je l'ai appris lors de mon adolescence, cette valeur n'est pas universelle. Ainsi, si le féminisme est naturel pour moi, il ne l'est pas pour tous. C'est d'autant plus complexe que cette valeur est souvent détournée de son vrai sens, d'où mon envie d'écrire le texte suivant:

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai des valeurs qui sont immuables. D’aussi loin que je me souvienne, ces valeurs sont intrinsèquement liées à ma vision du monde. Elles viennent probablement du foyers dans lequel j’ai été élevé. Mais pour moi, elles représentent la vérité, la réalité morale. Une de ces valeurs phares est la tolérance. Pour moi, aucune différence entre les humains ne justifie une quelconque discrimination, que ce soit la couleur de peau, l’origine, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, ou le sexe. Pour moi, on est tous qui on est et on a tous le droit d’être qui on est tel qu’on l’est. Aucune hiérarchisation n’est possible.
Ainsi, je suis profondément féministe. D’aussi loin que je me souvienne, l’égalité entre les hommes et les femmes était une vérité inaliénable. Avoir une conception différente n’était pour moi qu’un symptôme d’un manque d’intelligence ou d’une conviction morale déviante. Je parle au passé pour préciser que cette représentation morale a toujours fait partie de moi, mais elle est toujours vraie. Je suis toujours intimement convaincu de l’égalité entre les hommes et les femmes (ce qui est une simplification de la réalité). Je suis convaincu de l’égalité entre tous les êtres, ne serait-ce qu’humains.
Si j’écris ce texte, c’est pour clairement définir ma vision du féminisme, et la confronter à la complexité de notre monde et de notre société. Le féminisme est pour moi l’égalité entre les êtres humains sans distinction de sexe. Malheureusement, ce sens premier est bien souvent déformé.
Une des déformations qui me choque est l’utilisation du féminisme pour justifier un obscurantisme sexuel. Parler de la sexualité est souvent catégorisé comme une attaque contre les femmes. J’ai l’impression qu’aucun individu de sexe masculin ne peut parler de sexualité ouvertement sans se faire catégoriser de sexiste. Je le subis personnellement, en particulier à travers les paroles explicites de mon groupe de musique. Cela vient entre autres d’une mauvaise conception du désir sexuel. Avoir du désir envers une personne n’est en rien une insulte à l’égalité des sexes. Un homme a parfaitement le droit d’être attiré sexuellement par un femme. Ce n’est en aucun cas une attaque envers la liberté de chaque être, et encore moins une attaque envers l’égalité de tous les êtres. Deux variables doivent être analysées avant de conclure sur le caractère féministe ou non d’une relation ou d’une attraction sexuelle. La première, la plus évidente mais également la plus importante, est le consentement. Il est essentiel que les personnes impliquées dans une relation sexuelle soient consentantes. Malheureusement, cet aspect si important de la sexualité est souvent oublié. Pour moi, un des aspects du féminisme est l’acceptation des sexualités basées sur le consentement. On ne peut pas se dire féministe et en même temps dénigrer une femme qui aurait plusieurs partenaires sexuels. Une femme doit être libre de disposer de son corps comme elle le souhaite. Elle a le droit de le cacher ou de le montrer. Elle a le droit de profiter de la sexualité qui lui convienne. C’est la même chose pour tous les êtres. Il est malheureusement nécessaire de le rappeler. La deuxième variable à prendre en compte est la conceptualisation du partenaire sexuel, voir plus simplement du respect envers les autres êtres. Il faut traiter les autres êtres avec égalité et donc avec respect. Ainsi, il est évident qu’un homme qui considère sa partenaire comme un objet, de manière autocentré, ne se focalisant que sur son plaisir à lui, est sexiste. Mais si on considère ses partenaires sexuels comme des êtres nous étant égaux, dans toute leur complexité, alors il n’y a pas d’attaque envers le féminisme. Un homme peut être attiré sexuellement par une femme, sans la considérer comme un objet n’ayant que comme fonction de le satisfaire sexuellement. L’attraction sexuelle est bien entendu en premier lieu physique, mais ce n’est pas pour autant qu’il y a réduction de la personne désirée à son corps. C’est quelque chose de subtile qui échappe à beaucoup de personnes. Être attiré sexuellement par quelqu’un ne signifie pas qu’on la réduit à son corps. Cela signifie juste qu’on est attiré par son corps, et qu’on aurait envie d’une relation sexuelle avec cette personne (et pas uniquement avec son corps). Lorsque je suis attiré sexuellement par une personne, j’ai envie d’avoir une relation sexuelle AVEC elle. C’est la conceptualisation du sexe auquel je crois intimement. C’est pourquoi je la développe dans mes chansons. Certes, je parle de désir et d’attirance sexuels. Mais je considère tous les êtres, dont les femmes, comme des personnes, et non comme des objets de désir. Je suis pour la liberté sexuelle de chaque être, et pour que cette liberté s’exprime. La libération sexuelle, en particulier celle des femmes, est essentielle au féminisme. Pour moi, cela va de soit que chaque relation sexuelle doit être basée sur le consentement et le respect. C’est pourquoi je ne l’explicite pas forcément dans mes textes, car c’est pour moi une évidence, un background naturel. Ainsi, je conçois qu’une personne non attentive puisse penser que mes textes parlant de sexualité sont sexistes. Mais ces personnes se trompent, elles ne comprennent pas ma réelle vision des choses. Elles déforment mes intentions réelles, en greffant leur conception sur la mienne. Finalement, en voyant une attaque là où il n’y en a pas, je me demande si elles ne dénoncent pas une conception qui est finalement la leur, et non la mienne. Ainsi, dénoncer le sexisme là où il n’y en a pas peut même s’avérer sexiste. Si une personne dénigre mes textes prônant la liberté sexuelle, cette personne dénigre entre autres la liberté sexuelle des femmes, ce qui est clairement une atteinte au féminisme. Vouloir à tout pris censurer le sexe est une atteinte au féminisme. Il faut juste éduquer à une conceptualisation du sexe qui soit féministe.
Le féminisme est un sujet complexe. Si le principe de base est simple, la réalité est entremêlée à d’autres problématiques inhérentes à notre société, rendant le combat féministe difficile. Les valeurs féministes sont souvent déformées ou détournées, au point que certaines causes sont autant voir plus sexistes que ce qu’elles combattent. La libération sexuelle est un exemple parlant. La complexité de l’image en est un autre. On vit dans un monde superficiel et capitaliste qui utilise le désir sexuel comme argument de vente. Le problème n’est pas que le corps féminin est utilisé comme un objet de désir servant à vendre un produit. Le problème est que le corps d’une personne soit utilisé comme un objet de désir servant à vendre un produit. Bien évidemment, il faut combattre un sexisme évident qui privilégie le corps féminin comme argument de vente. Mais pour moi, il faut avant tout combattre l’utilisation de l’image d’un quelconque individu à des fins mercantiles. Il est certes plus facile de combattre des symptômes que la cause réelle, et je soutiens ces combats. Il ne faut juste pas oublier le problème de fond. Et surtout, il ne faut pas mal diriger le combat, ce qui serait contre-productif (l’exemple le plus parlant étant encore une fois la libération sexuelle).

Je suis féministe, et je l’assume. Je suis intimement convaincu de mes valeurs d’égalité, de consentement et de respect. Je suis cependant conscient de la subtilité de leur application dans la société, ce qui nécessite une remise en cause constante, afin de se convaincre que je ne produise rien de sexiste malgré moi.

Ce texte dévoile beaucoup d'évidences pour moi. Mais j'ai appris que ce qui m'est évident ne l'est pas forcément pour tout le monde, d'où mon envie de les verbaliser.