vendredi 1 novembre 2019

La place de l'artiste dans la société

Bonjour.

Voici un texte traitant de la condition d'artiste.

Je me considère comme étant un artiste. Pour moi, il s’agit d’un façon d’être, et une façon de percevoir le monde. Personnellement, je pense être un artiste romantique. De ce que je sais de ce mouvement artistique, il semblerait que j’en partage la vision du monde, du moins en grande partie. Beaucoup des thèmes qui m’inspirent sont romantiques : le rêve, le fantastique, le mystère, l’amour, la mort, etc. La différence majeure entre le mouvement romantique et ma vision artistique est la suivante : le romantisme privilégie l’émotion à la raison. Si l’émotion a une place essentielle dans mon œuvre et dans ma façon de voir la vie, la raison est également importante. Pour moi, les deux sont liées et sont plus puissantes ensembles que hiérarchisées.
J’ai souvent évoqué ce qu’est la condition d’artiste pour moi. Bien évidemment, j’évoque avant tout la façon dont je perçois ma propre condition d’artiste, développant des réflexions subjectives. Il me semble cependant que ma conception de la condition d’artiste est en adéquation avec ce que vivent et ce qu’ont vécu d’autres artistes.
Pour moi, si la vie d’artiste est un don précieux, c’est aussi un fardeau. La création artistique est source d’angoisse. Être un artiste exige une conviction profonde. C’est une magnifique façon de ressentir et de penser le monde, mais c’est aussi une porte vers la folie et l’isolement. J’adhère à la condition d’artiste maudit, mais plus encore, d’artiste solitaire. Il est difficile, voir impossible de trouver d’autres humains comprenant ce que je ressens. Je me sens effroyablement seul dans ma façon de percevoir le monde. Avoir un don créatif unique est une bénédiction en soit, mais il s’agit d’une malédiction en tant qu’être social. Dans notre société moderne, la condition d’artiste n’est pas reconnue. L’artiste est au mieux inconsidéré, au pire moqué et rejeté pour ses différences.
Ainsi, pour survivre, un artiste doit faire des compromis avec sa nature profonde. Il doit s’intégrer à la société, et se forcer à être un humain à peu près comme les autres. Il doit travailler pour vivre. Ainsi, il sacrifie sa vie, sa raison d’être, sa nature profonde, afin de survivre dans notre société. Plus encore, il sacrifie son temps. Il ne vit donc pas pleinement la vie qu’il devrait vivre. Par essence, il est persécuté. Son existence n’est que frustrations.
Pour moi, la société devrait faire vivre les artistes. Un artiste devrait pouvoir se consacrer pleinement à son art et à son œuvre. Même le repos de l’artiste est salvateur pour sa créativité. Cependant, la société moderne conçoit une telle vie comme étant parasitaire. C’est du moins ce que je perçois personnellement.
Bien sûr, une société moderne permettant aux artistes de vivre ferait face à de nombreux abus. Beaucoup de gens se diraient artiste juste pour vivre sur le dos de la société. Il me semble difficile de prouver la nature profonde d’un artiste. C’est une façon d’être qui se ressent. Or, il est compliqué d’attester de la véracité des sentiments que confient une personne. Les humains mentent. Ainsi, un monde moderne prenant soin de ses artistes semblent n’être qu’une utopie.
Si les artistes méritent d’être mieux considérés, ce n’est peut-être pas ce dont ils ont besoin. La persécution et la survie sont des terreaux à émotions qui nourrissent la créativité. Un artiste maudit est un artiste profond, qui vit le monde intensément. Peut-être est-ce l’essence de la condition d’artiste que d’être socialement oublié. Peut-être que l’artiste n’en serait plus un s’il pouvait vivre pleinement dans la société, et ne plus être condamné à la survie.
Pour moi, un artiste est un guide, un être presque "supérieur" dans sa façon de voir le monde de manière sensible et rationnelle. Il s’agit du stade le plus avancée de conscience et de sentience de l’humanité, ne pouvant amener que progrès moraux et philosophiques. Il faut penser, il faut ressentir, il faut réfléchir, et se remettre sans cesse en question. Il faut progresser, s’améliorer, et se dépasser. Les artistes maudits, solitaires, torturés, sont plus que des guides. Ce sont des visionnaires.

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