mercredi 23 janvier 2019

Le fardeau de l'artiste penseur

Bonjour.

D'aussi loin que je me souvienne, je me considère comme artiste. Si cette condition est un don et une vision de la vie magnifiques, d'immenses fardeaux pèsent dessus. Dans ce texte, je vous fais part de l'un d'entres eux, tel que je l'ai vécu récemment, et que je le vis encore.

Il est difficile d’écrire. Je ne sais pas si mon cas est une généralité (ce que laisse supposer le titre de ce texte), mais me considérant comme un artiste, je vais vous décrire un phénomène que je vis et qui je pense peut aussi être commun à d’autres artistes. Par artiste, j’entends quelqu’un qui créé de l’art, et qui plus encore, le vit. J’ai une vision absolue de l’artiste, comme quelqu’un de très particulier, qui traverse le monde avec un prisme unique, qui cherche à comprendre ce qui l’entoure et qui cherche à exprimer ce qu’il ressent avec des supports artistiques. Un artiste n’est pas un humain à part entière. Il est plus que cela. Il est le chaman du monde moderne. C’est du moins comme ça que je décris un artiste, et que je me considère donc. J’aimerais développer mon propos et vous décrire en profondeur ma vision de l’artiste, mais comme je vais vous l’expliquer dans ce texte, je ne peux pas y arriver actuellement.
En effet, l’écriture en ce moment me demande un effort déstabilisant. Pour contextualiser, j’écris ce texte lors des grandes vacances de 2018, entre deux années d’études très importantes de ma vie. Si je pense toujours comme je le fais, si je suis qui je suis, je n’ai cependant pas toujours pris le temps d’écrire et de développer mes idées philosophiques et artistiques. Avançant dans la vie et les études, je m’investis de plus en plus dans mes tâches humaines. Il est indéniable que pour réussir ce que j’entreprends, je dois dépenser du temps et de l’énergie dans ces tâches. Ainsi, lors de la dernière année universitaire, j’ai relégué mes écrits au second plan, donnant la priorité à ma réussite universitaire. En manque d’énergie et de temps, je me suis donc dit que je développerais ces idées pendant les grandes vacances, avant de recommencer une année universitaire et professionnelle dense. C’est exactement ce que je tente dans ce texte. J’ai plein d’idées philosophiques et artistiques à développer.
Cependant, je me rends compte que la tâche est beaucoup plus difficile que prévue. Je n’arrive plus à écrire. Pas dans le sens de manque d’inspiration, car j’ai toujours autant d’idées. Mais je n’arrive pas à les développer et à les concrétiser. Cela me demande un effort que j’ai du mal à entreprendre.
Une des raison à cela est probablement le fait que je me force. Depuis quelques temps, depuis cette année du moins, je ne développe plus une idée dès qu’elle vient. Je la griffonne quelque part, avant d’y revenir plus tard . C’est une erreur ! Je dois me laisser porter par mes pulsions créatrices, afin d’être sûr de réussir. Il faut que j’essaie de réinstaurer cette façon de faire.
Mais pour ce qui est des idées en attente, il faut que je me fasse violence. Je me sers donc de ce texte pour extérioriser mes doutes et difficultés, en espérant m’en défaire.
Il est évident que le facteur principal de cet état est le temps, ou plus exactement le manque de temps. Développer une idée demande énormément de temps ! Malheureusement, je ne prends plus ce temps. Comme décrit plus haut, je pense qu’il est préférable de surfer sur la vague d’une pulsion pour construire une œuvre à partir d’une idée, même si bien sur la réflexion et le recul peuvent être bénéfiques. Attendre avant de développer une idée est possible lorsque ce temps d’attente est constitué de vide, de perte de temps, d’ennui, qui profitent à la réflexion. Si ce temps d’attente est investi dans d’autres tâches intellectuelles complexes (les études par exemple), alors l’esprit ne peut plus se concentrer sur l’idée et au fur et à mesure perd donc les pistes de développement de celle-ci. Sans parler de la fatigue engendrée par des efforts intellectuels.
Ainsi, le temps n’est que la partie émergé de l’iceberg. Le vrai problème vient d’un fort investissement intellectuel dans d’autres tâches que la création artistique et philosophique. Il faut admettre que le cerveau, l’esprit, est un organe, un muscle qui peut se fatiguer. Il n’a pas des ressources infinies, il ne peut pas continuellement tourner à plein régime. Personnellement, je n’y arrive pas. Après, je dois reconnaître qu’on peut augmenter ces capacités. En s’entraînant, en gardant un rythme de création soutenu, on peut s’habituer à une grande productivité intellectuelle. Malheureusement, je me rends compte lors de cette tâche estivale que je me suis beaucoup relâché à ce sujet. Ayant repoussé les développements de mes idées, je suis entré dans une longue période d’inactivité à ce niveau. J’en suis presque devenu un zombie ! Ainsi, la reprise brute, imposée par mon planning, est difficile. J’ai tellement perdu l’habitude de pousser mon esprit que ça en devient douloureux. Physiquement. Mais aussi moralement, car cela est vecteur de frustrations. Non seulement j’arrive difficilement à écrire, mais ce que j’écris ne me satisfait pas. Là où ça me semblait naturel avant (même si pas forcément évident), c’est maintenant un effort désagréable. Mais je persiste, et l’écriture de ce texte me fait déjà beaucoup de bien, car me faisant violence, je retrouve petit à petit mes réflexes d’écritures, de pensées, et je réactive mes capacités. J’en suis d’ailleurs étonné, et profondément satisfait. Il semblerait que mon entreprise ait fonctionné, et m’ait guéri.
Ainsi, pour ne plus jamais connaître une telle situation, je prends la résolution de ne plus mettre de côté mes idées. Même si cela va être difficile, je vais essayer de redonner la priorité à ma vie artistique et philosophique, même si bien sûr ça ne pourra pas se faire au détriment de ma vie professionnelle et universitaire (je suis conscient de mes responsabilités). Pour cela, j’aimerai avoir le soutien de mes proches, que je n’ai clairement pas. Ne vivant pas ce que je vis, ne comprenant pas comment je fonctionne et qui je suis, ils me parasitent beaucoup, me sollicitant lorsque j’ai besoin de calme et d’isolement, et m’abreuvant de banalités qui me ramollissent… Mais je ne peux leur en vouloir, je dois vivre avec ça aussi. Ainsi, vais-je réussir à tenir ma résolution, alors qu’elle n’aurait pas du être nécessaire vu que j’ai déjà succombé aux problèmes qu’elle cherche à combattre ? J’ai au moins maintenant la conscience des dangers de ne pas la suivre. J’espère donc que ça suffira comme motivation pour me dépasser, et ainsi m’épanouir comme j’aurais toujours du dans mes vies artistiques et philosophiques. Pourvu que mon corps et mon esprit tiennent, mais c’est là le fardeau que je dois porter, le fardeau de l’artiste penseur…

La relecture de ce texte me fait un bien. Il a pour moi parfaitement posé les mots du problème majeur que je vis en ce moment, et que j'évoque très régulièrement dans ce blog: la fatigue intellectuelle et le manque de temps. Il vous explique avec précisions et développements pourquoi j'ai du mal à analyser les textes que je vous partage. 
Malheureusement, la résolution que je prends à la fin de ce texte n'a pas été respectée. Plus que jamais, je subis la fatigue intellectuelle et le manque de temps depuis la rentrée scolaire 2018. S'en est même à un tel point que je n'ai pas été aussi peu productif artistiquement depuis des années, depuis que j'ai commencé mes œuvres. Je n'écris plus de fiction, presque plus de chansons. Je n'arrive même plus à entretenir régulièrement mon blog de critiques car je n'arrive plus à me poser afin d'écrire mon avis sur un film... Cela me demande un effort considérable!
Y-a-t-il une échappatoire ? Je ne compte pas abandonner professionnellement, car avant de vivre, il faut que je survive en m'intégrant dans cette société. Ainsi, je ne vois aucune solution à court terme... Je suis donc en phase de survit, me reposant sur mes travaux passés pour m'épanouir, oubliant peu à peu la création au profit du partage et surtout de l'interprétation... J'espère que cet état des faits changera, mais pour l'instant, il faut que je m'en contente. 

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