Bonjour.
D'aussi loin que je me souvienne, je me considère comme artiste. Si cette condition est un don et une vision de la vie magnifiques, d'immenses fardeaux pèsent dessus. Dans ce texte, je vous fais part de l'un d'entres eux, tel que je l'ai vécu récemment, et que je le vis encore.
Il
est difficile d’écrire. Je ne sais pas si mon cas est une
généralité (ce que laisse supposer le titre de ce texte), mais me
considérant comme un artiste, je vais vous décrire un phénomène
que je vis et qui je pense peut aussi être commun à d’autres
artistes. Par artiste, j’entends quelqu’un qui créé de l’art,
et qui plus encore, le vit. J’ai une vision absolue de l’artiste,
comme quelqu’un de très particulier, qui traverse le monde avec un
prisme unique, qui cherche à comprendre ce qui l’entoure et qui
cherche à exprimer ce qu’il ressent avec des supports artistiques.
Un artiste n’est pas un humain à part entière. Il est plus que
cela. Il est le chaman du monde moderne. C’est du moins comme ça
que je décris un artiste, et que je me considère donc. J’aimerais
développer mon propos et vous décrire en profondeur ma vision de
l’artiste, mais comme je vais vous l’expliquer dans ce texte, je
ne peux pas y arriver actuellement.
En
effet, l’écriture en ce moment me demande un effort déstabilisant.
Pour contextualiser, j’écris ce texte lors des grandes vacances de
2018, entre deux années d’études très importantes de ma vie. Si
je pense toujours comme je le fais, si je suis qui je suis, je n’ai
cependant pas toujours pris le temps d’écrire et de développer
mes idées philosophiques et artistiques. Avançant dans la vie et
les études, je m’investis de plus en plus dans mes tâches
humaines. Il est indéniable que pour réussir ce que j’entreprends,
je dois dépenser du temps et de l’énergie dans ces tâches.
Ainsi, lors de la dernière année universitaire, j’ai relégué
mes écrits au second plan, donnant la priorité à ma réussite
universitaire. En manque d’énergie et de temps, je me suis donc
dit que je développerais ces idées pendant les grandes vacances,
avant de recommencer une année universitaire et professionnelle
dense. C’est exactement ce que je tente dans ce texte. J’ai plein
d’idées philosophiques et artistiques à développer.
Cependant,
je me rends compte que la tâche est beaucoup plus difficile que
prévue. Je n’arrive plus à écrire. Pas dans le sens de manque
d’inspiration, car j’ai toujours autant d’idées. Mais je
n’arrive pas à les développer et à les concrétiser. Cela me
demande un effort que j’ai du mal à entreprendre.
Une
des raison à cela est probablement le fait que je me force. Depuis
quelques temps, depuis cette année du moins, je ne développe plus
une idée dès qu’elle vient. Je la griffonne quelque part, avant
d’y revenir plus tard . C’est une erreur ! Je dois me
laisser porter par mes pulsions créatrices, afin d’être sûr de
réussir. Il faut que j’essaie de réinstaurer cette façon de
faire.
Mais
pour ce qui est des idées en attente, il faut que je me fasse
violence. Je me sers donc de ce texte pour extérioriser mes doutes
et difficultés, en espérant m’en défaire.
Il
est évident que le facteur principal de cet état est le temps, ou
plus exactement le manque de temps. Développer une idée demande
énormément de temps ! Malheureusement, je ne prends plus ce
temps. Comme décrit plus haut, je pense qu’il est préférable de
surfer sur la vague d’une pulsion pour construire une œuvre à
partir d’une idée, même si bien sur la réflexion et le recul
peuvent être bénéfiques. Attendre avant de développer une idée
est possible lorsque ce temps d’attente est constitué de vide, de
perte de temps, d’ennui, qui profitent à la réflexion. Si ce
temps d’attente est investi dans d’autres tâches intellectuelles
complexes (les études par exemple), alors l’esprit ne peut plus se
concentrer sur l’idée et au fur et à mesure perd donc les pistes
de développement de celle-ci. Sans parler de la fatigue engendrée
par des efforts intellectuels.
Ainsi,
le temps n’est que la partie émergé de l’iceberg. Le vrai
problème vient d’un fort investissement intellectuel dans d’autres
tâches que la création artistique et philosophique. Il faut
admettre que le cerveau, l’esprit, est un organe, un muscle qui
peut se fatiguer. Il n’a pas des ressources infinies, il ne peut
pas continuellement tourner à plein régime. Personnellement, je n’y
arrive pas. Après, je dois reconnaître qu’on peut augmenter ces
capacités. En s’entraînant, en gardant un rythme de création
soutenu, on peut s’habituer à une grande productivité
intellectuelle. Malheureusement, je me rends compte lors de cette
tâche estivale que je me suis beaucoup relâché à ce sujet. Ayant
repoussé les développements de mes idées, je suis entré dans une
longue période d’inactivité à ce niveau. J’en suis presque
devenu un zombie ! Ainsi, la reprise brute, imposée par mon
planning, est difficile. J’ai tellement perdu l’habitude de
pousser mon esprit que ça en devient douloureux. Physiquement. Mais
aussi moralement, car cela est vecteur de frustrations. Non seulement
j’arrive difficilement à écrire, mais ce que j’écris ne me
satisfait pas. Là où ça me semblait naturel avant (même si pas
forcément évident), c’est maintenant un effort désagréable.
Mais je persiste, et l’écriture de ce texte me fait déjà
beaucoup de bien, car me faisant violence, je retrouve petit à petit
mes réflexes d’écritures, de pensées, et je réactive mes
capacités. J’en suis d’ailleurs étonné, et profondément
satisfait. Il semblerait que mon entreprise ait fonctionné, et m’ait guéri.
Ainsi,
pour ne plus jamais connaître une telle situation, je prends la
résolution de ne plus mettre de côté mes idées. Même si cela va
être difficile, je vais essayer de redonner la priorité à ma vie
artistique et philosophique, même si bien sûr ça ne pourra pas se
faire au détriment de ma vie professionnelle et universitaire (je
suis conscient de mes responsabilités). Pour cela, j’aimerai avoir
le soutien de mes proches, que je n’ai clairement pas. Ne vivant
pas ce que je vis, ne comprenant pas comment je fonctionne et qui je
suis, ils me parasitent beaucoup, me sollicitant lorsque j’ai
besoin de calme et d’isolement, et m’abreuvant de banalités qui
me ramollissent… Mais je ne peux leur en vouloir, je dois vivre
avec ça aussi. Ainsi, vais-je réussir à tenir ma résolution,
alors qu’elle n’aurait pas du être nécessaire vu que j’ai
déjà succombé aux problèmes qu’elle cherche à combattre ?
J’ai au moins maintenant la conscience des dangers de ne pas la
suivre. J’espère donc que ça suffira comme motivation pour me
dépasser, et ainsi m’épanouir comme j’aurais toujours du dans
mes vies artistiques et philosophiques. Pourvu que mon corps et mon
esprit tiennent, mais c’est là le fardeau que je dois porter, le
fardeau de l’artiste penseur…
La relecture de ce texte me fait un bien. Il a pour moi parfaitement posé les mots du problème majeur que je vis en ce moment, et que j'évoque très régulièrement dans ce blog: la fatigue intellectuelle et le manque de temps. Il vous explique avec précisions et développements pourquoi j'ai du mal à analyser les textes que je vous partage.
Malheureusement, la résolution que je prends à la fin de ce texte n'a pas été respectée. Plus que jamais, je subis la fatigue intellectuelle et le manque de temps depuis la rentrée scolaire 2018. S'en est même à un tel point que je n'ai pas été aussi peu productif artistiquement depuis des années, depuis que j'ai commencé mes œuvres. Je n'écris plus de fiction, presque plus de chansons. Je n'arrive même plus à entretenir régulièrement mon blog de critiques car je n'arrive plus à me poser afin d'écrire mon avis sur un film... Cela me demande un effort considérable!
Y-a-t-il une échappatoire ? Je ne compte pas abandonner professionnellement, car avant de vivre, il faut que je survive en m'intégrant dans cette société. Ainsi, je ne vois aucune solution à court terme... Je suis donc en phase de survit, me reposant sur mes travaux passés pour m'épanouir, oubliant peu à peu la création au profit du partage et surtout de l'interprétation... J'espère que cet état des faits changera, mais pour l'instant, il faut que je m'en contente.
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