Bonjour.
Voici un texte qui traduit mes engagements et tolérances. Si d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu ces opinions, je les mets dans ce texte en perspective, les confrontant à la triste réalité de notre monde moderne...
Depuis
mon enfance, d’aussi loin que je me rappelle, je me suis toujours
senti différent en ce qui concerne mon genre et ma sexualité. Dès
les prémices de mon adolescence, j’ai eu des attirances envers
d’autres garçons. Si je reste majoritairement attiré par les
femmes, je suis parfois attiré par les hommes. Ayant eu la chance de
vivre dans une famille tolérante et ouverte, jamais je n’ai eu
honte de cette attirance, et jamais je n’ai considéré qu’elle
était anormale. Ainsi, j’assume pleinement ma bisexualité, qui a
toujours fait partie de moi. Je ne l’ai cependant jamais
revendiqué, préférant garder ce genre de chose pour moi, vu que
cela concerne uniquement mon intimité.
Depuis
mon enfance également, j’ai une sensation de dissonance entre mon
corps et mon esprit. En effet, je suis né dans un corps de garçon.
Cependant, depuis que je suis assez vieux pour mener ce genre de
réflexion (fin de l’école primaire), je me pose cette simple
question : pourquoi ne suis-je pas une fille ? J’ai en
effet la sensation d’être très féminin. Je ne peux dénier mes
traits de caractère masculins, mais je suis malgré tout convaincu
d’avoir une personnalité féminine. Finalement, ce genre de
définition genrée des traits de caractère me paraît absurde :
on est qui on est, peu importe du genre social auquel se rattache ce
qu’on est. Ma sensation d’être féminin va au-delà de ça :
j’ai la sensation physique, comme venant de mes tripes, que
j’aurais du être une fille. J’ai l’impression au plus profond
de mon corps d’avoir une acuité des sentiments faite pour la
biologie d’un corps féminin… J’ai souvent presque l’impression
de ce corps fantôme, comme si mes sensations traduisaient un autre
but, comme si elles étaient caractéristiques d’un corps féminin…
J’aurais du être une fille, ou du moins j’aurais aimé être une
fille, avoir un corps biologiquement féminin… J’ai presque une
sensation de manque, comme si je pouvais ressentir les contours du
corps que je n’ai pas mais que j’aurais du avoir… Malgré cela,
j’ai pleinement accepté mon corps, sans aucun malaise ni aucun
complexe. Je suis qui je suis, j’ai accepté ce que m’a donné la
Nature. Je ne songe absolument pas à mettre en place une transition
afin de changer les caractéristiques de mon corps, afin de changer
de sexe. J’ai accepté, sans aucune mauvaise conséquence, qui je
suis : une femme dans un corps d’homme.
Je
ne me suis cependant jamais considéré comme transgenre. De même,
j’ai une amie qui m’a confié qu’elle détestait le corps
féminin, et donc en particulier son corps. Elle a presque du dégoût
pour les caractéristiques biologiques féminines. Elle a toujours eu
une façon masculine de fonctionner, en particulier par rapport à
son rapport au corps. Cependant, elle ne s’est jamais revendiqué
transgenre. J’ai d’autres amis dans des situations similaires.
C’est assez remarquable vu qu’on semble correspondre à la
définition littérale de ce terme, transgenre… Mais on ne l’a
jamais revendiqué, pour plusieurs raisons assez évidentes, que je
vais ici dénoncer. On a une méconnaissance certaine de ce concept.
Je n’ai eu une éducation sur ce concept que très tard, fin du
lycée, ne l’abordant finalement correctement que lors de mes
années universitaires. Autant dire qu’il était un peu tard, ayant
déjà eu le temps de réfléchir et d’accepter qui je suis, sans
aucune aide extérieure. Si la sexualité est moins cachée,
permettant de comprendre l’homosexualité et la bisexualité assez
jeune, ce n’est pas le cas de la transidentité, qui est cachée.
Beaucoup d’adultes l’ignorent encore (sans parler de ceux qui en
ont connaissance mais qui la rejettent et la dénoncent). Il est donc
difficile de se rattacher à quelque chose qu’on ignore, alors
qu’il est pourtant sain de mettre des mots sur ce qu’on ressent,
de comprendre ce qu’on ressent, et surtout de savoir que cela
existe et qu’on n’est donc pas une anomalie isolée. Mais dans
notre société, la transidentité est tellement mise à l’écart,
taboue, et pleine de préjugés, que ces concepts pourtant essentiels
sont cachés aux enfants et adolescents qui ont le droit de les
connaître. Dans mon cas, et celui de mes amis, il a été plus
simple de juste se sentir différents, isolés…
Ainsi,
je milite pour une éducation des sexualités et transidentités dès
le plus jeune age, afin que les enfants connaissent le monde tel
qu’il est vraiment. Il me paraît essentiel qu’on accepte les
différences de chacun, sans les occulter, afin que chacun puisse
s’épanouir en sachant que ce qu’il est n’est pas isolé ni
anomalique. Comment accepter qui l’ont est si on n’a aucune
preuve que ce qu’on est existe ?
Je
ne me suis jamais considéré comme transgenre car je me suis
construit psychiquement sans ce terme. J’ai eu la chance d’accepter
qui je suis et de m’épanouir tel quel, mais je reste persuadé
qu’il est plus sain d’éduquer afin que le mot transgenre ne soit
plus connoté comme une bizarrerie mise à l’écart, mais comme ce
qu’il est vraiment, une construction de l’identité. Je veux que
les générations futures aient la chance que je n’ai pas eu.
Cet engagement traduit une vision du monde plus large. Il y a bien sûr des tendances fortes, comme les genres masculin et féminin, qui cependant ne sont pas des absolus. La réalité est beaucoup plus complexe et nuancée. Il existe ainsi une multitude de déclinaisons minoritaires liées aux genres et à l'identité. Je pense donc qu'il est sain de prendre conscience de cela. Accepter les différences et minorités ne remet pas en cause la majorité, cela évite juste la persécution et le mal-être de ces minorités. Il n'y aucun mal à faire partie des tendances, mais il n'y a aucun mal non plus à en être éloigné. C'est malheureusement une conception des choses qui n'est pas celle de notre monde. On catégorise les choses en leur donnant des étiquettes qui créent des limites rigides. Cependant, la réalité est bien plus floue. Afin d'avancer vers une conception moderne et positive, il faudrait se détacher des catégorisations, pour aller vers une conception plus correcte mais complexes des choses: il existe des tendances, mais pas de règles générales. Cette façon de pensée est applicable à bien plus de choses que le simple genre d'une personne. Elle est l'amélioration, l'évolution de notre perception du monde. Ne pas l'accepter ni l'essayer est une démarche conservatrice dangereuse. J'en suis convaincu, et j'assume donc pleinement cette revendication.
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