Bonjour.
Je vous partage aujourd'hui un chapitre très intime de mon essai Réflexion.
La folie, un thème compliqué à
aborder, à moins d’en avoir fait l’expérience, d’avoir embrassé les limites
délicates de l’esprit lucide et de l’esprit fou. Vous avez de la chance, j’ai plusieurs fois
franchie cette limite, dans les deux sens, sans trop m’éloigner. Aujourd’hui
encore, je suis sur cette limite, un pied de chaque côté.
Le premier point important pour
parler de la folie, c’est de la définir. Ce n’est pas une chose facile, car
chacun a sa propre définition de la folie, sous un concept commun. En effet, la
folie est relative aux mœurs de chacun. Ou du moins aux lois d’une société. Le
fou ne se sentira pas fou, à moins d’avoir une réflexion très poussée lui
permettant de voir les limites mentales de la folie par rapport à sa propre
morale. Ainsi, si on ne peut pas voir sa
propre folie, comment savoir si on est fou, ou pas ? Si le monde devenait
fou, le dernier homme sensé passerait pour un fou, vu que ce serait le seul à
ne pas penser comme tout le monde.
Ici, on va parler de la folie dans le
sens d’une personne qui ne pense pas comme tous les autres, qui a un point de
vu différent, qui a une perception du
monde différente, qui a une imagination décalée, une personnalité multiple, qui
ressent des peurs inutiles. Mais du point de vu de notre société. Ici, la
folie, c’est le fait de ne pas respecter les codes établis pas l’espèce
humaine. Ou plutôt de ne pas respecter les codes établis par les individus
dirigeants de l’espèce humaine.
Ainsi, dans cette définition, une
personne paranoïaque est folle car elle est en dehors du cadre humain de la
peur protectrice.
Egalement, une personne
schizophrénique est folle car elle a une perception faussée du monde qui
l’entoure : elle perçoit des voix qui sont en réalité inventées par son
cerveau.
Un artiste peut être considéré comme
fou par la population car il a une vision artistique des choses, il a un autre
point de vu de l’univers. De plus, il comprend et exprime ses pensées par des
procédés que les autres êtres humains ne peuvent comprendre. Ils peuvent juste
à la limite les traduire. Ainsi, l’artiste est l’homme fou car différent de
tout les autres.
En réalité, la folie peut être
définie par la perte de contrôle de son esprit. On est fou quand on n’arrive
plus à contrôler ses pensées. Quand son corps obéit à un autre esprit. Ainsi,
une personne folle peut-elle réellement être responsable de ses actes ? Imaginez
que vous entendez des voix à tout moment dans votre tête, le
supporteriez-vous ? Ou n'essayerez-vous pas plutôt de vous en débarrasser par
tous les moyens ?
Dans ce cas, existe-il une solution
contre la folie ? Mettre en quarantaine les personnes présentant des
troubles de l’esprit ? L’isolement n’est pas une solution. Au contraire,
c’est lorsque l’on est le plus mal que l’on a besoin de quelqu’un pour nous aider.
C’est lorsque que la chute est assez violente pour nous casser une jambe que
nous avons besoin de quelqu’un pour nous relever et nous aider à marcher.
Ainsi, la solution serrait d’aider ces personnes. Mais comment pouvons-nous
aider des personnes que nous ne pouvons pas comprendre ?
Car la réelle limite entre la
lucidité et la démence, c’est la compréhension. Nous ne pouvons pas savoir
comment pense une personne qui est folle, à moins d’être fou soi-même. La folie
est une chose abstraite, impossible à imaginer. La folie, c’est la perte de
l’esprit, c’est la perte de contrôle de ses pensées et de ses actions. Il est
dur de s’imaginer la folie à moins de l’avoir vécu. Et il est encore plus dur
de se rendre compte de la perte de contrôle de son esprit. La seule solution
pour voir si son esprit dérape et pour le ramener à la raison, c’est d’avoir un
contrôle extrêmement pointu de son esprit. De toujours vérifier si on pense
selon ses mœurs, et toujours se remettre en question. C’est l’unique condition
au contrôle de son esprit. Ainsi, un jour, par énervement, on peut commencer à
haïr une personne et à imaginer des plans inhumains pour lui nuire. Si on ne se
remet pas en question, en se disant que ces pensées sont cruelles et donc
inappropriées, on peut lentement sombrer dans la folie meurtrière et perverse.
Personnellement, je suis constamment
sur cette limite. D’abord, j’ai un mode de pensée et une opinion très
différents des autres humains. Comme vous pourrez le voir plus loin, j’ai des
morales et des mœurs que je pensais universels mais qui en réalité
n’appartiennent qu’à moi. J’ai une logique très personnelle. Ensuite, à cause
de mes différentes personnalités très complexes, j’ai un mal fou à contrôler
mes humeurs et surtout mes pensées. J’arrive à les remettre en question, mais
pas à les faire apparaître et disparaître selon ma volonté. Mon esprit est
constamment parasité par des pensées qui viennent embrouiller le fil conducteur
de ma réflexion. Enfin, j’ai des tendances fortement paranoïaques. Ma plus
grande peur est de perdre le contrôle de mon esprit. Je deviens anxieux par
peur d’oublier des idées. Je marque tous ce qui me passe par la tête, et me le
répète plusieurs fois. Je surveille constamment mon esprit pour ne pas qu’il
dérape. Même si parfois, cela ne marche pas. Egalement, j’ai une peur affreuse
du noir et de ce que je ne peux pas voir. La suggestion a une emprise énorme
dans mon esprit. Ainsi, rester seul en pleine nuit est impensable pour moi. Je
craindrais des choses même impossibles ! Par exemple, dans le noir, je
pourrais craindre d’être dévoré par un alien, ou le bruit sourd d’un avion
pourrait me faire craindre une explosion nucléaire ! Je sais que c’est
insensé, et que ses peurs sont de la paranoïa, mais cette remise en question ne
me permet pas d’effacer ces peurs. Elle permet au mieux de les contrôler.
Ainsi, je vivrais en permanence avec
cette folie au fond de moi. Ma vie sera toujours un combat pour contrôler mes
pensées. Je devrai me battre durant toute mon existence pour pouvoir avoir une
existence « normale » et saine. Mais la folie n’a pas que des
inconvénients. Ainsi, en l’utilisant, j’ai trouvé la meilleure arme capable de
la contrôler et de la réduire. J’ai trouvé le moyen de repasser du bon côté de
la limite, même si inexorablement j’aurais toujours une part de moi-même du
mauvais côté.
Cette solution, cette arme, ce don de
la folie est l’inspiration, la création, la folie artistique.
Dans ce chapitre, je me livre relativement ouvertement sur ma folie. Encore aujourd'hui, ce chapitre reste actuel. Il l'est même plus qu'à l'époque, car j'ai vécu des intenses moments de folie (heureusement passagers), qui j'ai décris dans d'autres textes que je vous partagerais plus tard.
Ainsi, je vous dévoile mon fardeau. J'ai une peur viscérale de perdre le contrôle de mon esprit, à cause des pensées qui l'habitent. J'ai des démons, une folie en moi qu'il m'est difficile de dompter. Cependant, je m'efforce de me battre. Toute ma vie, je devrais me battre pour ne pas sombrer. J'en suis parfaitement conscient, et j'ai accepté ce destin. J'ai donc développé des armes relativement efficaces afin de ne jamais complètement me perdre dans la folie, des armes qui font encore leurs preuves aujourd'hui. La première est la remise en cause quasi-permanente de mon esprit et de ses pensées.
La seconde est développée dans le prochain chapitre, que vous découvrirez la semaine prochaine!
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