mercredi 30 janvier 2019

Sensibilité à l'art

Bonjour.

Voici cette semaine un texte introspectif sur l'évolution de ma sensibilité aux arts picturaux, en particulier à la peinture "classique".

Pendant l’été 2018, j’ai pris conscience d’une nouvelle sensibilité. En effet, dans un musée de l’art à Cordoue, j’ai pris pleinement conscience de ma sensibilité à l’art pictural (peinture et sculpture).
En effet, je me sens depuis toujours assez réfractaire, hermétique à ces arts classiques. J’insiste sur l’aspect classique de cet hermétisme : le pouvoir de l’image a toujours agit sur moi, que ce soit par les films ou les images modernes (affiches de film, jaquettes de cd ou de jeux vidéos, etc). Ainsi, je savais être sensible à l’image, et je savais rêver à partir d’un art graphique. Mais la peinture et la sculpture, des arts plus anciens liés aux musées, m’ont toujours laissé neutre. Si j’ai su en reconnaître les qualités symboliques et techniques, aucune œuvre de ces arts ne m’avait touché, ne m’avait bouleversé, ne m’avait pris aux tripes. Même les classiques (la Joconde, le radeau de la méduse) ne m’ont pas touché au-delà de leur portée historique.
Je me suis souvent interrogé sur cette hermétisme, moi qui suis extrêmement sensible à d’autres arts : la musique, le cinéma, et les arts picturaux modernes : photographie et dessins graphiques modernes tels qu’évoqués dans le paragraphe précédent. J’en avais conclu que j’étais réceptif aux arts modernes, plus proches de ma génération. C’est d’ailleurs quelque chose de commun avec la littérature : je n’accroche pas à la littérature classique et aux grands auteurs, préférant et rêvant avec les œuvres du monde moderne, datant au maximum du début du 20e siècle.
Mais il y a peu, cet état des fait a changé. Déjà en 2015, un tableau du Louvre représentant Lucifer et l’enfer m’a touché. Je me suis alors dit qu’il s’agissait d’une exception due à un sujet proche d’univers que j’affectionne (aimant le Heavy Metal et toutes les mythologies qui y sont liées). Mais il y a à peine plus d’un mois, à Cordoue, dans ce fameux musée, je me suis complètement ouvert à la peinture et à la sculpture. Sans que je le décide, des œuvres m’ont réellement touché et fasciné (certaines précises, loin d’en être la majorité). Des œuvres très différentes m’ont ému : peinture religieuse, nature morte, art moderne et abstrait, sculpture antique… J’ai l’impression de m’être ouvert à ces arts, de gagner une sensibilité forte, équivalente à mes autres sensibilités artistiques.
Si je suis réellement ravi de cela, je ne vais pas essayer d’expliquer ce phénomène. J’en ai quelques pistes (registre du fantastique, réalisme proche de la photographie, maturité intellectuelle et artistique, analyse de mes sensibilités, etc), mais je préfère profiter de cette ouverture en la vivant et en en profitant plutôt qu’en l’analysant.
Ainsi, je voulais juste décrire cette évolution. Est-elle éphémère ou permanente ? D’où vient-elle ? Ces question n’ont pour l’instant pas d’importance pour moi. On y répondra éventuellement plus tard. Pour l’instant, je vais profiter de cette sensibilité nouvelle aux arts classiques des musées.

Je n'ai rien à ajouter à ce texte qui me semble complet... A la semaine prochaine!

mercredi 23 janvier 2019

Le fardeau de l'artiste penseur

Bonjour.

D'aussi loin que je me souvienne, je me considère comme artiste. Si cette condition est un don et une vision de la vie magnifiques, d'immenses fardeaux pèsent dessus. Dans ce texte, je vous fais part de l'un d'entres eux, tel que je l'ai vécu récemment, et que je le vis encore.

Il est difficile d’écrire. Je ne sais pas si mon cas est une généralité (ce que laisse supposer le titre de ce texte), mais me considérant comme un artiste, je vais vous décrire un phénomène que je vis et qui je pense peut aussi être commun à d’autres artistes. Par artiste, j’entends quelqu’un qui créé de l’art, et qui plus encore, le vit. J’ai une vision absolue de l’artiste, comme quelqu’un de très particulier, qui traverse le monde avec un prisme unique, qui cherche à comprendre ce qui l’entoure et qui cherche à exprimer ce qu’il ressent avec des supports artistiques. Un artiste n’est pas un humain à part entière. Il est plus que cela. Il est le chaman du monde moderne. C’est du moins comme ça que je décris un artiste, et que je me considère donc. J’aimerais développer mon propos et vous décrire en profondeur ma vision de l’artiste, mais comme je vais vous l’expliquer dans ce texte, je ne peux pas y arriver actuellement.
En effet, l’écriture en ce moment me demande un effort déstabilisant. Pour contextualiser, j’écris ce texte lors des grandes vacances de 2018, entre deux années d’études très importantes de ma vie. Si je pense toujours comme je le fais, si je suis qui je suis, je n’ai cependant pas toujours pris le temps d’écrire et de développer mes idées philosophiques et artistiques. Avançant dans la vie et les études, je m’investis de plus en plus dans mes tâches humaines. Il est indéniable que pour réussir ce que j’entreprends, je dois dépenser du temps et de l’énergie dans ces tâches. Ainsi, lors de la dernière année universitaire, j’ai relégué mes écrits au second plan, donnant la priorité à ma réussite universitaire. En manque d’énergie et de temps, je me suis donc dit que je développerais ces idées pendant les grandes vacances, avant de recommencer une année universitaire et professionnelle dense. C’est exactement ce que je tente dans ce texte. J’ai plein d’idées philosophiques et artistiques à développer.
Cependant, je me rends compte que la tâche est beaucoup plus difficile que prévue. Je n’arrive plus à écrire. Pas dans le sens de manque d’inspiration, car j’ai toujours autant d’idées. Mais je n’arrive pas à les développer et à les concrétiser. Cela me demande un effort que j’ai du mal à entreprendre.
Une des raison à cela est probablement le fait que je me force. Depuis quelques temps, depuis cette année du moins, je ne développe plus une idée dès qu’elle vient. Je la griffonne quelque part, avant d’y revenir plus tard . C’est une erreur ! Je dois me laisser porter par mes pulsions créatrices, afin d’être sûr de réussir. Il faut que j’essaie de réinstaurer cette façon de faire.
Mais pour ce qui est des idées en attente, il faut que je me fasse violence. Je me sers donc de ce texte pour extérioriser mes doutes et difficultés, en espérant m’en défaire.
Il est évident que le facteur principal de cet état est le temps, ou plus exactement le manque de temps. Développer une idée demande énormément de temps ! Malheureusement, je ne prends plus ce temps. Comme décrit plus haut, je pense qu’il est préférable de surfer sur la vague d’une pulsion pour construire une œuvre à partir d’une idée, même si bien sur la réflexion et le recul peuvent être bénéfiques. Attendre avant de développer une idée est possible lorsque ce temps d’attente est constitué de vide, de perte de temps, d’ennui, qui profitent à la réflexion. Si ce temps d’attente est investi dans d’autres tâches intellectuelles complexes (les études par exemple), alors l’esprit ne peut plus se concentrer sur l’idée et au fur et à mesure perd donc les pistes de développement de celle-ci. Sans parler de la fatigue engendrée par des efforts intellectuels.
Ainsi, le temps n’est que la partie émergé de l’iceberg. Le vrai problème vient d’un fort investissement intellectuel dans d’autres tâches que la création artistique et philosophique. Il faut admettre que le cerveau, l’esprit, est un organe, un muscle qui peut se fatiguer. Il n’a pas des ressources infinies, il ne peut pas continuellement tourner à plein régime. Personnellement, je n’y arrive pas. Après, je dois reconnaître qu’on peut augmenter ces capacités. En s’entraînant, en gardant un rythme de création soutenu, on peut s’habituer à une grande productivité intellectuelle. Malheureusement, je me rends compte lors de cette tâche estivale que je me suis beaucoup relâché à ce sujet. Ayant repoussé les développements de mes idées, je suis entré dans une longue période d’inactivité à ce niveau. J’en suis presque devenu un zombie ! Ainsi, la reprise brute, imposée par mon planning, est difficile. J’ai tellement perdu l’habitude de pousser mon esprit que ça en devient douloureux. Physiquement. Mais aussi moralement, car cela est vecteur de frustrations. Non seulement j’arrive difficilement à écrire, mais ce que j’écris ne me satisfait pas. Là où ça me semblait naturel avant (même si pas forcément évident), c’est maintenant un effort désagréable. Mais je persiste, et l’écriture de ce texte me fait déjà beaucoup de bien, car me faisant violence, je retrouve petit à petit mes réflexes d’écritures, de pensées, et je réactive mes capacités. J’en suis d’ailleurs étonné, et profondément satisfait. Il semblerait que mon entreprise ait fonctionné, et m’ait guéri.
Ainsi, pour ne plus jamais connaître une telle situation, je prends la résolution de ne plus mettre de côté mes idées. Même si cela va être difficile, je vais essayer de redonner la priorité à ma vie artistique et philosophique, même si bien sûr ça ne pourra pas se faire au détriment de ma vie professionnelle et universitaire (je suis conscient de mes responsabilités). Pour cela, j’aimerai avoir le soutien de mes proches, que je n’ai clairement pas. Ne vivant pas ce que je vis, ne comprenant pas comment je fonctionne et qui je suis, ils me parasitent beaucoup, me sollicitant lorsque j’ai besoin de calme et d’isolement, et m’abreuvant de banalités qui me ramollissent… Mais je ne peux leur en vouloir, je dois vivre avec ça aussi. Ainsi, vais-je réussir à tenir ma résolution, alors qu’elle n’aurait pas du être nécessaire vu que j’ai déjà succombé aux problèmes qu’elle cherche à combattre ? J’ai au moins maintenant la conscience des dangers de ne pas la suivre. J’espère donc que ça suffira comme motivation pour me dépasser, et ainsi m’épanouir comme j’aurais toujours du dans mes vies artistiques et philosophiques. Pourvu que mon corps et mon esprit tiennent, mais c’est là le fardeau que je dois porter, le fardeau de l’artiste penseur…

La relecture de ce texte me fait un bien. Il a pour moi parfaitement posé les mots du problème majeur que je vis en ce moment, et que j'évoque très régulièrement dans ce blog: la fatigue intellectuelle et le manque de temps. Il vous explique avec précisions et développements pourquoi j'ai du mal à analyser les textes que je vous partage. 
Malheureusement, la résolution que je prends à la fin de ce texte n'a pas été respectée. Plus que jamais, je subis la fatigue intellectuelle et le manque de temps depuis la rentrée scolaire 2018. S'en est même à un tel point que je n'ai pas été aussi peu productif artistiquement depuis des années, depuis que j'ai commencé mes œuvres. Je n'écris plus de fiction, presque plus de chansons. Je n'arrive même plus à entretenir régulièrement mon blog de critiques car je n'arrive plus à me poser afin d'écrire mon avis sur un film... Cela me demande un effort considérable!
Y-a-t-il une échappatoire ? Je ne compte pas abandonner professionnellement, car avant de vivre, il faut que je survive en m'intégrant dans cette société. Ainsi, je ne vois aucune solution à court terme... Je suis donc en phase de survit, me reposant sur mes travaux passés pour m'épanouir, oubliant peu à peu la création au profit du partage et surtout de l'interprétation... J'espère que cet état des faits changera, mais pour l'instant, il faut que je m'en contente. 

mercredi 16 janvier 2019

Mysticisme moderne et temporalité artistique

Bonjour.

Le texte de cette semaine dévoile une beauté de notre monde cartésien, rationnel et scientifique, qui est loin d'être froid, si on sait où regarder... 


Je ne crois pas aux mythes. Pour moi, tout a une explication scientifique et rationnelle. Les mythes ont une histoire, mais s’expliquent par des faits et des croyances. Je ne crois pas au surnaturel. Pour moi, il n’existe que ce qui est scientifiquement possible et empiriquement observé. Notre monde est vide de magie et de surnaturel, dans les sens communs qu’on donne à ces termes. Une chose impossible est impossible. Bien sûr, je ne sous-entend pas qu’on connaît tout : je crois à certains aspects du paranormal. Des choses inconnues peuvent exister, tant qu’elles n’entrent pas en contradiction avec les faits scientifiques de notre monde moderne. Je crois en l’existence lointaine d’extra-terrestres, existence scientifiquement cohérente, mais pas aux fantômes ni aux pouvoirs des sorciers.
Ce monde peut vous paraître froid, car il est intégralement rationnel. Il semble n’y avoir pas de place au mysticisme car l’inconnu reste rationnel. Mais malgré cette rationalité logique, je ne trouve pas ce monde morne. Je le trouve au contraire très beau et chargé de poétique. Il faut juste savoir où regarder.
Les mythes n’ont pas le monopole de l’incroyable. Au contraire, y croire formellement peut être dangereux car ils sont faux par nature. Ainsi, pour rêver et trouver de la beauté poétique dans notre monde, il faut regarder des merveilles rationnelles. La première est bien sûr la Science, qui permet de contempler l’existence même ! Qu’y-t’il de plus beau que notre univers et sa formidable complexité de fonctionnement et d’existence ? On peut s’émerveiller de tout ce qui existe, ne serait-ce que par cette existence même.
Je reconnais cependant que cette beauté nécessite une sensibilité scientifique que tout le monde ne peut pas avoir, ne serait-ce que par sa complexité. Plus on avance dans la complexité des connaissances scientifiques, plus on se rend compte de la beauté de ce qui existe, et plus on est touché par cette sensibilité. Mais je reconnais que la Science n’est malheureusement pas accessible à tous. Ainsi, je vais vous décrire une alternative.
En effet, l’Art est pour moi le moyen le plus efficace et accessible de rencontrer la beauté poétique de notre monde rationnel. Qu’y-a-t’il de plus mystique mais rationnel, ou du moins qui existe, de nos jours ? La création artistique recèle en soit de nombreux mystères et donc un mysticisme qui mériterait de nombreuses pages de réflexion. Mais plus encore, l’Art contient des mystères, des questions sans réponses, qui dépassent sa création. Dans son existence même, l’Art est mystique. Une œuvre artistique est un objet très particulier, un objet que j’ai du mal à décrire et à analyser, un objet qui encore une fois mérite des pages de réflexions philosophiques! C’est pour moi un objet mystique. Il est bien sûr rationnel, puisqu’il a une existence : une chanson est une fresque de sons, une peinture est un assemblage de couleurs et de formes. Mais c’est aussi bien plus que cela. Ces œuvres touchent à notre sensibilité. On y perçoit de la beauté. Ces œuvres nous touchent, que ce soit positivement ou négativement. Même l’absence de réaction face à une œuvre est une réaction, un sentiment. Cela donne un tout autre niveau d’existence à une œuvre artistique, qui est loin de n’être qu’un assemblage d’éléments rationnels. En effet, une œuvre artistique a un niveau d’existence mystique grâce au regard de celui qui l’observe. Je vais cependant m’attarder sur ce point dans un autre texte, préférant revenir ici au sujet principal.
L’Art est pour moi le plus fort représentant d’un mysticisme moderne. La Science, et la Philosophie, en sont deux autres important piliers. En les mélangeant, on obtient une poésie et une beauté rationnelles qui émerveillent notre monde moderne. On n’a pas besoin de mythes et de légendes faux, la beauté est présente dans la Nature, et plus encore dans l’Art.
Pour moi, un des aspects les plus beaux et passionnants de l’Art est sa vie dans différents niveaux de rationalités. L’Art est rationnel car il est composé d’éléments physiques rationnels : le son, l’image, etc. L’Art est également rationnel car il est régit par des règles certes qui évoluent, qui peuvent se tordre et se rompre, mais qui en donnent quelques clés de création et de compréhension. Ainsi, le mysticisme de l’Art vient de la question suivante : qu’est-ce qui dans ces rationalités créé de la sensibilité ? Pourquoi telles suites et enchevêtrements de sons nous touchent (je prends l’exemple de la musique, qui est un art avec lequel je suis particulièrement familier) ? La théorie musicale donne des pistes, mais pas une réponse. On sait que certains accords nous touchent plus, mais on ne sait pas pourquoi. Ainsi, une part importante de mystère subsiste. C’est ce mystère qui pour moi donne la beauté à l’Art, et qui en multiplie la force mystique.
Cependant, cette beauté se cultive. Si on décortique une œuvre artistique de manière fine avec les règles rationnelles connues, on peut en atténuer la force. Par exemple, connaître toute la théorie musicale d’une chanson l’ancre plus dans la rationalité. Si on sait qu’une chanson suit telles règles et telles gammes, alors nos sentiments d’écoute font face à une rationalisation qui atténue la force mystique du morceau. Ce n’est pas systématique, mais l’aura d’une chanson peut facilement être réduite par son étude musicale. Garder du mystère face à l’Art ne me paraît pas dangereux, cela permet au contraire d’en augmenter l’impact.
Cette réflexion m’est venue alors qu’un ami me montrait à la guitare le riff d’une chanson du dernier album d’un de mes groupes préférés, album sorti très récemment. J’ai détesté cela ! C’est très subjectif, mais j’aime prendre le temps de m’imprégner de la musique avant de chercher à l’interpréter. Elle doit faire partie de moi, je dois l’apprivoiser avec ma sensibilité. Ainsi, je ne cherche absolument pas à étudier musicalement des nouvelles chansons. Je les écoute pendant longtemps, en gardant intact leur mystère, leur mysticisme, afin de ne les percevoir qu’avec ma sensibilité. Je ne veux pas comprendre la musique, je veux la ressentir. C’est pourquoi la multiplication de covers et relevés presque instantanés sur internet de chaque chanson qui sort m’énerve. On ne laisse pas vivre le mystère. L’Art a besoin de temps. Si je suis contre une croyance illogique dans les mythes et religions, une rationalisation extrême enlevant la beauté à notre monde n’est pas non plus la solution. La Science gardera toujours sa beauté intrinsèque (car cette beauté vient du savoir et de la compréhension), mais l’Art lui, qui gardera toujours du mystère, doit malgré tout être protégé pour voir son impact augmenter. Cette appropriation sensorielle prend du temps. C’est seulement après elle, une fois que la chanson fait partie de nous, que sa rationalisation fait sens : on la redécouvre. On comprend alors plus cette chose intime, qui se révèle à nous : certaines sensations se voient expliquées. Cela rend l’impact de cette chanson encore plus fort : son impact sensitif se voit renforcé par sa rationalisation, par un mécanisme que je n’arrive pas à exprimer. C’est comme devant une peinture, ou devant un film : on découvre d’abord l’œuvre, on se l’approprie sentimentalement, et seulement ensuite on en découvre la rationalité : son histoire, sa technique, etc. C’est ainsi que pour moi, l’impact d’une œuvre est maximale. C’est finalement comme pour la Nature : on vit avec des événements naturels qui peuvent nous toucher, et qui surtout deviennent magnifiques lorsqu’on en étudie la Science ensuite.
Si j’aime réfléchir et analyser, je suis aussi un fervent croyant de l’importance de ressentir les choses, et de se laisser porter par le mysticisme moderne de l’Art, qui est garanti par une longue temporalité artistique…

Ce texte me semble satisfaisant. Je ne le développerais pas, concluant cet article par une petite nuance. Je dis dans ce texte que la Science n'est pas accessible à tous. En réalité, je ne pense pas qu'il y ait des personnes intrinsèquement réfractaires à la Science. La Science est complexe, mais on devrait tous faire l'effort d'essayer. Elle est inaccessible uniquement par volonté d'ignorance. Il faut se battre contre cette culture de la stupidité. On peut tous avoir accès à la Science, et comprendre certes plus ou moins de choses, mais au moins essayer et en comprendre certaines. 

mercredi 9 janvier 2019

Acceptation

Bonjour.

Voici un texte qui traduit mes engagements et tolérances. Si d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu ces opinions, je les mets dans ce texte en perspective, les confrontant à la triste réalité de notre monde moderne...

Depuis mon enfance, d’aussi loin que je me rappelle, je me suis toujours senti différent en ce qui concerne mon genre et ma sexualité. Dès les prémices de mon adolescence, j’ai eu des attirances envers d’autres garçons. Si je reste majoritairement attiré par les femmes, je suis parfois attiré par les hommes. Ayant eu la chance de vivre dans une famille tolérante et ouverte, jamais je n’ai eu honte de cette attirance, et jamais je n’ai considéré qu’elle était anormale. Ainsi, j’assume pleinement ma bisexualité, qui a toujours fait partie de moi. Je ne l’ai cependant jamais revendiqué, préférant garder ce genre de chose pour moi, vu que cela concerne uniquement mon intimité.
Depuis mon enfance également, j’ai une sensation de dissonance entre mon corps et mon esprit. En effet, je suis né dans un corps de garçon. Cependant, depuis que je suis assez vieux pour mener ce genre de réflexion (fin de l’école primaire), je me pose cette simple question : pourquoi ne suis-je pas une fille ? J’ai en effet la sensation d’être très féminin. Je ne peux dénier mes traits de caractère masculins, mais je suis malgré tout convaincu d’avoir une personnalité féminine. Finalement, ce genre de définition genrée des traits de caractère me paraît absurde : on est qui on est, peu importe du genre social auquel se rattache ce qu’on est. Ma sensation d’être féminin va au-delà de ça : j’ai la sensation physique, comme venant de mes tripes, que j’aurais du être une fille. J’ai l’impression au plus profond de mon corps d’avoir une acuité des sentiments faite pour la biologie d’un corps féminin… J’ai souvent presque l’impression de ce corps fantôme, comme si mes sensations traduisaient un autre but, comme si elles étaient caractéristiques d’un corps féminin… J’aurais du être une fille, ou du moins j’aurais aimé être une fille, avoir un corps biologiquement féminin… J’ai presque une sensation de manque, comme si je pouvais ressentir les contours du corps que je n’ai pas mais que j’aurais du avoir… Malgré cela, j’ai pleinement accepté mon corps, sans aucun malaise ni aucun complexe. Je suis qui je suis, j’ai accepté ce que m’a donné la Nature. Je ne songe absolument pas à mettre en place une transition afin de changer les caractéristiques de mon corps, afin de changer de sexe. J’ai accepté, sans aucune mauvaise conséquence, qui je suis : une femme dans un corps d’homme.
Je ne me suis cependant jamais considéré comme transgenre. De même, j’ai une amie qui m’a confié qu’elle détestait le corps féminin, et donc en particulier son corps. Elle a presque du dégoût pour les caractéristiques biologiques féminines. Elle a toujours eu une façon masculine de fonctionner, en particulier par rapport à son rapport au corps. Cependant, elle ne s’est jamais revendiqué transgenre. J’ai d’autres amis dans des situations similaires. C’est assez remarquable vu qu’on semble correspondre à la définition littérale de ce terme, transgenre… Mais on ne l’a jamais revendiqué, pour plusieurs raisons assez évidentes, que je vais ici dénoncer. On a une méconnaissance certaine de ce concept. Je n’ai eu une éducation sur ce concept que très tard, fin du lycée, ne l’abordant finalement correctement que lors de mes années universitaires. Autant dire qu’il était un peu tard, ayant déjà eu le temps de réfléchir et d’accepter qui je suis, sans aucune aide extérieure. Si la sexualité est moins cachée, permettant de comprendre l’homosexualité et la bisexualité assez jeune, ce n’est pas le cas de la transidentité, qui est cachée. Beaucoup d’adultes l’ignorent encore (sans parler de ceux qui en ont connaissance mais qui la rejettent et la dénoncent). Il est donc difficile de se rattacher à quelque chose qu’on ignore, alors qu’il est pourtant sain de mettre des mots sur ce qu’on ressent, de comprendre ce qu’on ressent, et surtout de savoir que cela existe et qu’on n’est donc pas une anomalie isolée. Mais dans notre société, la transidentité est tellement mise à l’écart, taboue, et pleine de préjugés, que ces concepts pourtant essentiels sont cachés aux enfants et adolescents qui ont le droit de les connaître. Dans mon cas, et celui de mes amis, il a été plus simple de juste se sentir différents, isolés…
Ainsi, je milite pour une éducation des sexualités et transidentités dès le plus jeune age, afin que les enfants connaissent le monde tel qu’il est vraiment. Il me paraît essentiel qu’on accepte les différences de chacun, sans les occulter, afin que chacun puisse s’épanouir en sachant que ce qu’il est n’est pas isolé ni anomalique. Comment accepter qui l’ont est si on n’a aucune preuve que ce qu’on est existe ?
Je ne me suis jamais considéré comme transgenre car je me suis construit psychiquement sans ce terme. J’ai eu la chance d’accepter qui je suis et de m’épanouir tel quel, mais je reste persuadé qu’il est plus sain d’éduquer afin que le mot transgenre ne soit plus connoté comme une bizarrerie mise à l’écart, mais comme ce qu’il est vraiment, une construction de l’identité. Je veux que les générations futures aient la chance que je n’ai pas eu.

Cet engagement traduit une vision du monde plus large. Il y a bien sûr des tendances fortes, comme les genres masculin et féminin, qui cependant ne sont pas des absolus. La réalité est beaucoup plus complexe et nuancée. Il existe ainsi une multitude de déclinaisons minoritaires liées aux genres et à l'identité. Je pense donc qu'il est sain de prendre conscience de cela. Accepter les différences et minorités ne remet pas en cause la majorité, cela évite juste la persécution et le mal-être de ces minorités. Il n'y aucun mal à faire partie des tendances, mais il n'y a aucun mal non plus à en être éloigné. C'est malheureusement une conception des choses qui n'est pas celle de notre monde. On catégorise les choses en leur donnant des étiquettes qui créent des limites rigides. Cependant, la réalité est bien plus floue. Afin d'avancer vers une conception moderne et positive, il faudrait se détacher des catégorisations, pour aller vers une conception plus correcte mais complexes des choses: il existe des tendances, mais pas de règles générales. Cette façon de pensée est applicable à bien plus de choses que le simple genre d'une personne. Elle est l'amélioration, l'évolution de notre perception du monde. Ne pas l'accepter ni l'essayer est une démarche conservatrice dangereuse. J'en suis convaincu, et j'assume donc pleinement cette revendication. 

mercredi 2 janvier 2019

Foundiougne

Bonjour.

Voici un texte qui décrit l'impact qu'à eu un voyage extraordinaire sur ma vie... Cette aventure, cette expérience est devenue un moment charnière de mon existence.

En Janvier 2018, j'ai réalisé un stage de deux semaines à Foundiougne, village Sénégalais. J'y ai découvert la culture sénégalaise, j'ai y visité des endroits magnifiques, et surtout, j'y ai travaillé. En effet, en étude pour devenir professeur de mathématiques dans le secondaire, j'ai observé le déroulement de cours dans un collège local, et surtout, j'ai donné plusieurs cours à une classe de 4e. Sans trop entrer dans le détail (car même pour moi, c'est nébuleux), je vais vous décrire l'impact émotionnel qu'a eu ce voyage sur moi... Car en effet, ce voyage m'a changé à jamais!
Comme vous devez le savoir, j'ai toujours eu une part d'ombre en moi. J'ai toujours eu des démons. Ainsi, j'ai toujours été quelqu'un de stressé et d'angoissé. Si des périodes de calme et de paix existaient, je ne peux dénier qu'elles étaient temporaires, que l'angoisse et le stress me définissaient assez bien. L'année dernière, j'ai même subit cette nature au point d'avoir des attaques d'angoisse, et des insomnies violentes, que je n'ai pu vaincre qu'avec l'aide d'antidépresseurs...
Cela faisait partie de moi. Mais si j'utilise le passé, c'est parce que mon aventure à Foundiougne a changé cet aspect de ma vie. Comme c'est quelque chose de très profond, de très émotionnel, j'ai beaucoup de mal à le décrire. Je vais quand même essayer.
Pour ce voyage, j'ai décidé d'adopter une posture cool, de lâcher prise, me laissant guider, sans inquiétude. C'était d'ailleurs un choix plus que judicieux, probablement le seul, car sinon ce genre d'aventures peut paraître très vite insurmontable. Ce fut donc la première étape vers le sentiment qui m'a submergé sur place: la sérénité. Pour la première fois de ma vie, ou du moins de manière aussi intense depuis longtemps, j'étais serein. J'ai l'impression que j'ai ramené cette sérénité, cette façon de vivre vide d'inquiétudes avec moi.
Ainsi, depuis ce voyage, je suis bien plus serein. Si le stress continue, il a beaucoup moins d'emprise sur moi. Il ne me paralyse plus, il me fait avancer au contraire. Je reste qui je suis, avec des phases plus ou moins sombres, mais depuis mon voyage au Sénégal, je suis bien plus heureux, serein. J'ai vaincu le démon de l'angoisse, et rendu mineur le démon du stress...

Voici ce que je ressens au plus profond de moi. Je vais conclure ce texte avec trois effets liés à ce voyage, trois changements plus mineurs sur ma personnalité qu'il a induit.
D'abord, je supporte bien mieux la chaleur qu'avant. Je l'ai même beaucoup apprécié là-bas, et je dois dire qu'elle me plait aujourd'hui.
Ensuite, j'ai accru ma patience naturelle, l'associant à une capacité de laisser-aller importante. Par exemple, lorsque quelque chose d'important a du retard, je suis capable de ne plus angoisser, de me défaire de l'aspect stressant de l'attente.
Enfin, ce voyage qui m'a fait découvrir l'Afrique Noire de l'Ouest a atténué mon rêve américain. Depuis tout petit, je veux vivre aux USA, j'ai un rêve américain très fort. Mais j'ai aussi avec le recul toujours eu une attirance inconsciente pour l'Afrique, de part mes valeurs sociales et humanistes, ma nature d'artiste, de musiciens et de batteur, mais aussi et surtout par mon attirance magnétique envers les femmes de peau noire. Je pense que c'est plus cette attrait qu'un véritable désir d'aventure et de découverte (que j'ai quand même) qui m'a poussé à postuler à ce stage sans y réfléchir une seule seconde, telle une pulsion incontrôlable. Il s'avère donc que suite à cette aventure, je suis moins attiré par les extravagances du monde moderne, que je n'aimais pas forcément, mais qui m'attirait, même si des horreurs telles que les tueries en lycée remettaient récemment en perspective ce désir américain. J'ai découvert en Afrique une autre vie possible, une autre vision du monde, une sereinité qui m'ont beaucoup comblé. J'ai vécu un autre sens de la vie. Cependant, si je suis persuadé que je retournerais un jour en Afrique, pour revenir à Foundiougne ou pour découvrir le Mali et sa musique, je n'ai pas l'envie d'y vivre pour toujours. Mon rêve américain est toujours présent. Une seule raison explique cela: la musique. Elle guide ma vie, elle est ma vie, et conserve donc mes ambitions de vie. Je ne peux avoir une chance de développer mon oeuvre artistique ambitieuse que dans le Nord. De plus, déjà que je peux difficilement être celui que je suis réellement ici (un artiste penseur, animal et féminin), je suis encore plus obligé de cacher ma nature là-bas, même si d'autres aspects de ma personnalité quant à eux peuvent bien mieux s'exprimer. Ainsi, je pense conserver mes ambitions de vie musicales, mon rêve américain, mais en y ajoutant de nombreuses visites en Afrique pour m'y ressourcer et pour pleinement m'épanouir en tant que citoyen du monde.

Ce texte très personnel reste étonnement d'actualité avec le recul. La possibilité que cet état des faits s’atténue avec le temps était forte. Mais ça n'a pas été le cas. Si je fais toujours face à ma part d'ombre, si je fais toujours face à mes frustrations et surtout à la vie absurde de notre monde, la sérénité que j'ai gagné au Sénégal est toujours là. Je ne suis plus paralysé par mes angoisses. Je suis encore stressé, je suis encore triste. Mais cette négativité ne me paralyse plus. Au contraire, elle m'incite à me relever et me battre. 
Ce voyage m'a changé à jamais.