vendredi 29 novembre 2019

Point de rupture en musique

Bonjour.

Voici un texte que j'ai écris récemment. J'en suis relativement insatisfait, n'arrivant pas à exprimer et structurer mes sensations et émotions en ce qui concerne ce sujet très précis. Voici malgré le texte en question:

Il est très difficile de comprendre ses goûts. Pourquoi aime-t-on quelque chose ? Qu’est-ce qui provoque ce sentiment, cette sensation, cette émotion ? Il semble évident que nous n’ayons que très peu de contrôle sur nos ressentis sentimentaux. Nos goûts peuvent prendre appui sur notre histoire et notre background culturel, mais ils semblent venir de notre inconscient. Afin de mieux se connaître, il me semble donc intéressant de se questionner à ce sujet. Toute introspection est salutaire.
Dans ce texte, je vais me focaliser sur un point très précis de mes goûts musicaux. Je vais essayer de comprendre, ou de moins de décrire, pourquoi certaines œuvres musicales me touchent profondément. Pourquoi elles me donnent des frissons ? Pourquoi elles me provoquent tant d’émotions ?
Les chansons qui me donnent le plus de frissons à ce jour sont les suivantes : Black Diamond (Kiss), Manitoumani (-M-) et Pro Memoria (Ghost). Bien sûr, plein d’autres chansons ou extraits de chansons me donnent des frissons, ou du moins me plaisent beaucoup. Je suis un passionné de musique, élément central de ma vie. Ainsi, la musique est un élément fondamental de mon quotidien, et une source d’émotions variées et puissantes. Il est également important de préciser que ces émotions peuvent avoir des sources très variées dans la musique. Plein d’aspect de celle-ci peuvent m’émouvoir. J’écoute des musiques très différentes les unes des autres. Il est donc certains que plusieurs choses provoquent différentes émotions. Dans ce texte, je vais développer une seule source d’émotion.
En effet, une des caractéristiques de la musique qui me donne le plus d’émotions est le point de rupture. Il s’agit d’une sensation difficilement quantifiable. Pour moi, le point de rupture musical est atteint lorsque l’on sent que l’artiste s’approche de sa limite, qu’il la chevauche. Il est à deux doigts de craquer, on sent qu’il est au bout. Il est alors un équilibriste qui bascule. Va-t-il tomber, ou va-t-il réussir à se redresser ?J’adore cette sensation. J’aime que la musique soit fragile, que le musicien aille au bout, qu’il atteigne sa limite. J’aime avoir l’impression qu’il est proche de la rupture, que s’il continue, il va s’écrouler. J’aime la fragilité, la finesse, la subtilité. J’aime avoir l’impression que la musique est chancelante. J’aime croire que l’artiste se surpasse, quitte à être à la limite de la rupture. L’artiste va tellement loin qu’il est à la limite de jouer faux. La guitare d’Hendrix ou de Van Halen me donne cette impression, comme si elle dansait sur ce fil. Le jeu d’Eric Carr me paraît sauvage, comme s’il commençait une phrase rythmique sans savoir où aller, et qu’il se rattrapait en vol. J’aime ces jeux qui me donne l’impression d’une liberté absolue. L’artiste tente des choses, repoussant sa limite, et flirtant avec l’effondrement. Bien sûr, ces musiciens maîtrisent leur instrument, ils ne sont pas réellement en « danger ». Mais j’aime cette illusion, j’aime ressentir ce point de rupture. J’aime avoir l’impression que l’artiste atteigne sa limite, voir la dépasse. Je préfère souvent cela à des musiques bien plus rigides, rythmiquement et harmoniquement bien plus solides, mais du coup moins émouvantes, moins imprévisibles.
Bien sûr, il ne s’agit que d’un aspect de la musique, et je peux être touché par une multitude d’autres aspects. Mais le point de rupture du musicien est ce qui me donne le plus de frissons.


A bientôt.

vendredi 1 novembre 2019

Double existence émotionnelle de la musique

Bonjour.

Voici le dernier texte de cette série que j'ai écrit récemment. Il s'intéresse à la musique et à ses différents plans d'existence.

La musique est une expression personnelle. En tant qu’artiste, la musique est pour moi profondément intime. Elle est essentielle à ma vie. Je ne conçois pas mon existence sans la création artistique. Elle est nécessaire, ne serait-ce que comme catharsis. Elle m’aide à combattre mes démons en les emprisonnant sous forme d’art. Il s’agit presque d’un devoir cosmique. Il s’agit de mon rôle dans l’existence. Je dois créer, tel est le but de ma vie. Même lorsque je créé du divertissement, des mélodies légères aux paroles inoffensives, il s’agit d’expression personnelle. Je dévoile le plus profond de mon être, sans aucune pudeur. Je peux être grave ou léger, d’où les multiplicités de ton de mon art. La seule constante est la suivante : la musique que je compose est intime. Elle dévoile mes plus profondes pensées. Elle dévoile mon intimité. Elles sont le meilleur témoin de qui je suis réellement. Elle sont mon moyen d’expression. La musique que je créé est le support de mes émotions. C’est pourquoi la musique appartient avant tout à l’artiste : il s’agit de l’expression de ses émotions et de son être intime et profond.
Si je ne dévoile pas la plupart de la musique que j’écris (étant beaucoup trop prolifique pour concrétiser publiquement tout ce que j’imagine), il me semble indéniable que la finalité de l’art est d’être partagé. La scène est le but ultime de tout musicien. Il s’agit de dévoiler son art aux autres, et donc finalement de dévoiler son intimité profonde. Il s’agit d’exister tel que l’on est vraiment. Il s’agit de montrer aux yeux de la société ce qu’on est réellement. Ainsi, la scène est un partage d’émotions. La musique devient collective lorsque l’artiste la partage. Il dévoile et partage au monde ses émotions, en espérant qu’elles résonnent chez d’autres êtres. Il s’expose à vif. Si la musique est personnelle en tant qu’expression de la sentience de l’artiste, sa finalité est d’être collective en tant que partage d’émotions.

Il me semble que ce que je décris pour la musique est valable pour l’art en général. Je parle de la musique car c’est l’art principal que je pratique. Je vous dévoile donc mon point de vue subjectif d’artiste.
Il est cependant également intéressant que j’adopte aussi le point de vue de l’audience. Comme tout être, je suis confronté à la création d’autres artistes. Je peux donc témoigner du rôle réceptif dans le partage de l’art. Beaucoup d’œuvres artistiques (et particulièrement musicales) résonnent en moi. Ces créations me touchent émotionnellement, m’inspirent, et me dévoilent l’intimité d’autres artistes.
L’art est une communication. Le message est certes écrit par un expéditeur qui peut décider de le garder pour soi, mais c’est en étant reçu par un destinataire qu’il peut voir sa force décuplée. Malheureusement, tout message n’est pas forcément compris ni accepté par son audience…

A bientôt pour d'autres réflexions sur ce blog!

La place de l'artiste dans la société

Bonjour.

Voici un texte traitant de la condition d'artiste.

Je me considère comme étant un artiste. Pour moi, il s’agit d’un façon d’être, et une façon de percevoir le monde. Personnellement, je pense être un artiste romantique. De ce que je sais de ce mouvement artistique, il semblerait que j’en partage la vision du monde, du moins en grande partie. Beaucoup des thèmes qui m’inspirent sont romantiques : le rêve, le fantastique, le mystère, l’amour, la mort, etc. La différence majeure entre le mouvement romantique et ma vision artistique est la suivante : le romantisme privilégie l’émotion à la raison. Si l’émotion a une place essentielle dans mon œuvre et dans ma façon de voir la vie, la raison est également importante. Pour moi, les deux sont liées et sont plus puissantes ensembles que hiérarchisées.
J’ai souvent évoqué ce qu’est la condition d’artiste pour moi. Bien évidemment, j’évoque avant tout la façon dont je perçois ma propre condition d’artiste, développant des réflexions subjectives. Il me semble cependant que ma conception de la condition d’artiste est en adéquation avec ce que vivent et ce qu’ont vécu d’autres artistes.
Pour moi, si la vie d’artiste est un don précieux, c’est aussi un fardeau. La création artistique est source d’angoisse. Être un artiste exige une conviction profonde. C’est une magnifique façon de ressentir et de penser le monde, mais c’est aussi une porte vers la folie et l’isolement. J’adhère à la condition d’artiste maudit, mais plus encore, d’artiste solitaire. Il est difficile, voir impossible de trouver d’autres humains comprenant ce que je ressens. Je me sens effroyablement seul dans ma façon de percevoir le monde. Avoir un don créatif unique est une bénédiction en soit, mais il s’agit d’une malédiction en tant qu’être social. Dans notre société moderne, la condition d’artiste n’est pas reconnue. L’artiste est au mieux inconsidéré, au pire moqué et rejeté pour ses différences.
Ainsi, pour survivre, un artiste doit faire des compromis avec sa nature profonde. Il doit s’intégrer à la société, et se forcer à être un humain à peu près comme les autres. Il doit travailler pour vivre. Ainsi, il sacrifie sa vie, sa raison d’être, sa nature profonde, afin de survivre dans notre société. Plus encore, il sacrifie son temps. Il ne vit donc pas pleinement la vie qu’il devrait vivre. Par essence, il est persécuté. Son existence n’est que frustrations.
Pour moi, la société devrait faire vivre les artistes. Un artiste devrait pouvoir se consacrer pleinement à son art et à son œuvre. Même le repos de l’artiste est salvateur pour sa créativité. Cependant, la société moderne conçoit une telle vie comme étant parasitaire. C’est du moins ce que je perçois personnellement.
Bien sûr, une société moderne permettant aux artistes de vivre ferait face à de nombreux abus. Beaucoup de gens se diraient artiste juste pour vivre sur le dos de la société. Il me semble difficile de prouver la nature profonde d’un artiste. C’est une façon d’être qui se ressent. Or, il est compliqué d’attester de la véracité des sentiments que confient une personne. Les humains mentent. Ainsi, un monde moderne prenant soin de ses artistes semblent n’être qu’une utopie.
Si les artistes méritent d’être mieux considérés, ce n’est peut-être pas ce dont ils ont besoin. La persécution et la survie sont des terreaux à émotions qui nourrissent la créativité. Un artiste maudit est un artiste profond, qui vit le monde intensément. Peut-être est-ce l’essence de la condition d’artiste que d’être socialement oublié. Peut-être que l’artiste n’en serait plus un s’il pouvait vivre pleinement dans la société, et ne plus être condamné à la survie.
Pour moi, un artiste est un guide, un être presque "supérieur" dans sa façon de voir le monde de manière sensible et rationnelle. Il s’agit du stade le plus avancée de conscience et de sentience de l’humanité, ne pouvant amener que progrès moraux et philosophiques. Il faut penser, il faut ressentir, il faut réfléchir, et se remettre sans cesse en question. Il faut progresser, s’améliorer, et se dépasser. Les artistes maudits, solitaires, torturés, sont plus que des guides. Ce sont des visionnaires.

Transe musicale

Bonjour.

En tant que musicien, il m'arrive d'entrer en transe lorsque je joue de mon instrument. Je me suis donc intéressé à la question, aboutissant à ce court texte de réflexion. 

L’expérience que je ressens lorsque je joue de la batterie en concert est proche de la transe. Ce que je vis semble correspondre à cet état. Bien sûr, je ne ressens pas systématiquement cela. Les conditions doivent être optimales. Lorsqu’elle le sont, même lorsque je joue seul, je rentre dans un état particulier, faisant corps avec mon instrument, ne pensant plus, mais ressentant les choses. Ainsi, il me semble intéressant de réfléchir à ce qu’est cet état de transe, en particulier d’un point de vue subjectif. Je vais donc réfléchir à mon ressenti quant à cette transe musicale personnelle.

Pour moi, être en transe signifie être dans un état de conscience particulier. On ne pense plus, on ressent les choses. On dépasse sa conscience, afin d’atteindre son instinct. La pluralité des transes vient très probablement de la pluralité des instincts.
Il s’agit de ce que je ressens lorsque je me laisse aller en jouant de la batterie (n’hésitez pas à lire les textes où je décris plus en détails ces sensations). Pour moi, cet état de transe permet de me connecter à mon moi profond et essentiel, à mon instinct, et donc à ma place symbolique dans l’existence. Il est cependant intéressant de se questionner à ce sujet. Il peut sembler paradoxale d’atteindre un tel état instinctif à travers une activité culturelle et intellectuelle. C’est oublier le statut particulier de l’art, qui consiste à lier conscience et sentience. La logique tangible de l’art n’est que le support de la charge émotionnelle qu’il procure, d’où la possibilité de toucher à l’instinct via la rationalité.
En musique, la transe ne peut venir que de l’improvisation. Il faut cependant une solide base théorique afin de ne pas tomber dans la cacophonie. Il faut maîtriser la grammaire avant de chercher à écrire de la poésie. La connaissance instinctive du support permet justement cette transe. Le but pour atteindre la transe est de se dépasser, en improvisant. Il faut certes s’appuyer sur les règles, mais afin de les utiliser pour aller plus loin. Les règles font parties de l’instinct. Avant de bondir face à un danger, l’animal apprend à marcher. Plus on maîtrise le support théorique, mieux on peut le dompter. C’est en connaissant profondément un morceau de musique que je suis suffisamment à l’aise pour improviser dessus, et donc potentiellement atteindre un état de transe musicale. Même sans improviser, connaître un morceau au point de le graver dans mes muscles me permet de me laisser aller, de juste profiter du plaisir de jouer ce morceau, sans concentration intellectuelle. Je m’abandonne alors à la transe, laissant mon corps et mon instinct prendre le relais.

Et vous, ressentez-vous parfois ce genre d'état ? 

Ignorance et croyance

Bonjour.

Voici une petite réflexion qui s'intéresse au lien entre ignorance et croyance.

L’ignorance est le terreau de la croyance… En tant qu’humains, on ne supporte pas qu’il n’y ait pas d’explication. L’inconnu nous est inconfortable. Ainsi, face à quelque chose qu’on ne peut pas expliquer par la logique, on imagine une explication, ne pouvant s’accommoder du mystère. La croyance commence là où s’arrête la connaissance. L’ignorance est le terreau de la croyance, que ce soit en une religion, ou en la science !
Cette dernière est bien trop grande pour être exhaustivement connue par un seul homme. Il est impossible de détenir en intégralité la connaissance de l’humanité. Cela implique la nécessité de croire en la science. La connaissance est la fin de la croyance. Ainsi, comme notre connaissance de l’univers est limitée, la croyance est-elle obligatoire ? Même en étant conscient de notre ignorance, il faut croire en la cohérence entre cette ignorance et notre connaissance. Un but noble à accomplir est de réduire cette croyance, ou du moins de la rendre la plus logique possible, la plus en adéquation avec nos connaissances, et donc avec la science.
On est entouré d’ignorance, de zones d’ombres. On connaît si peu de choses, à tous les niveaux d’existence, partout autour de nous… La réalité même nous est impalpable… On croit en notre existence et en ce qu’on voit, ce qu’on ressent. Finalement, même la persuasion de cette existence est ténue… Si on y réfléchie du moins, car la plupart des gens ne semblent pas se poser la question. C’est compréhensible, car il est difficile d’affronter la vérité : toute notre réalité semble reposer sur des bases chancelantes. L’évidence peut être trompeuse. Il est plus facile de vivre passivement, sans se poser de questions. Mais pour moi, si la réflexion est un fardeau, elle permet au moins de vivre activement dans notre réalité, donnant du sens à la vie, ou au moins l’espoir d’atteindre un plus haut niveau de sentience et de conscience.
Même si la connaissance repose sur la croyance (après tout, il faut croire que tout ce qu’on perçoit, que tout ce que l’on sait, que tout ce qu’on imagine être la réalité est vrai), il faut à tout prix chercher à approfondir cette connaissance, via la science, la philosophie et l’art, afin de limiter au maximum la croyance. Il faut être actif face à la réalité. Il faut se questionner, s’informer, s’instruire, et ainsi progresser.

J'ajouterais juste à ce texte une petite précision. Si la Science demande de la croyance, elle est très différente des religions. Elle repose avant tout sur les faits, et sur la réalité. Elle est empirique. Elle fonctionne avec la réalité. Elle cherche à expliquer l'univers, à révéler la vérité, et non à accommoder la vérité à une croyance. C'est en ça qu'elle est la source de savoir la plus fiable. 

L'imaginaire est essentiel

Bonjour.

Voici un texte qui traite de l'imaginaire, et de son importance pour la vie consciente.

L’imaginaire est essentiel. Il permet de faire face à la morosité de la réalité. Il permet de supporter notre vie.
Le constat est simple à faire. Il suffit de comparer notre vie à celle des imaginaires qu’on appréhende. Pour l’essentiel d’entre nous, nos vies ne sont pas palpitantes. Certes, le bonheur est accessible, à travers les petits plaisirs de la vie, la réalisation des désirs, voir l’épanouissement dans une passion. Mais il est indéniable que nous envions nos imaginaires. La vie est source de frustration. La réalité est dure et morne. Il faut se battre pour s’épanouir. Il s’agit certes d’une aventure, mais qui semble dénuée de sens. Nos imaginaires sont colorés, et gorgés d’aventures. Ils sont palpitants. Ils relèvent du rêve, et donc du fantasme. Ils présentent une version idéalisée de nos vies.
Se plonger dans un imaginaire, aussi sombre soit il, c’est s’égarer, c’est s’échapper, c’est s’évader. C’est fuir la réalité.
Qu’importe l’imaginaire, lorsqu'on y entre, on est le héro. On est au centre de l’histoire. L’aventure est rarement vaine, il y a toujours une leçon à tirer, on s’en sort grandi. Rien n’est plus faux pour la réalité.
La plupart d’entre nous ne sommes que des poussières égarées dans l’univers. Face à l’immensité, nous ne sommes rien. Nous sommes vains face au temps, face à l’infini, face à l’existence. Nous ne sommes à peine que des rouages d’une gargantuesque machine. Nous ne sommes qu’une goutte d’eau dans l’océan. Qu’un grain de sable dans le désert. Et pour la plupart d’entre nous, nous sommes insignifiants. Nous ne laisserons aucune trace dans l’histoire. Nous ne pouvons que prétendre nous battre pour notre survie, notre bonheur, et éventuellement celui de notre entourage proche. Nous sommes loin d’être au centre de l’histoire. Il y a rarement un autre aboutissement à la vie que la mort et l’oubli.
Ainsi, face à cette réalité vaine, l’imaginaire est un échappatoire. Il permet d’oublier notre condition futile, et permet de rêver. Même lorsqu’on imagine notre propre vie, on la fantasme, l’idéalise. Surtout, on revient au centre de l’histoire, là où on ne l’est jamais en réalité. On observe la réalité de notre point de vue interne, mais on n’incarne jamais le centre de l’histoire. On subit le destin, qui n’est que le déroulement de la réalité, dont on n’arrive même pas à appréhender la surface.
L’imaginaire est donc le moyen de survivre à la vie. S’il ne lui donne pas de sens, il permet au moins d’oublier pour un instant la futilité de l’existence.

Si je décris la vie, la réalité comme étant morose, elle est loin d'être dénuée de beauté. Comme je l'ai précisé avant, pas besoin de mythes et légendes pour trouver de poésie dans la nature. L'existence même est magnifique. Grâce à science, on peut lire et comprendre l'univers, source de beauté infinie. Malheureusement, notre réalité quotidienne est bien morne dans notre société actuelle, d'où l'importance de l'art, de l'imaginaire et de la capacité à voir la beauté cachée de la réalité. 

Attirance

Bonjour.

Voici le premier d'une série de 6 articles qui vous dévoilent les textes que j'ai écrit ce dernier mois. Ce premier texte traite de l'attirance.

Pourquoi ressent-on de l’attirance pour quelque chose ou quelqu’un ? Je vais énoncer quelques éléments de réflexion à ce sujet, sans tenter de répondre exhaustivement à cette question.

En effet, un des premiers points à souligner est la non universalité de l’attirance. La seule règle universelle de l’attirance est qu’il n’y a pas de règle universelle ! Les humains possèdent des psychés différentes qui entraînent donc des goûts et désirs différents, et donc des attirances différentes. Il peut être intéressant de se poser la question des causes possibles provoquant certaines attirances, comme le background culturel, social et familial. Je ne vais cependant pas entrer dans ce genre de réflexion loin de relever de mon domaine de compétences. La seule idée importante à retenir, comme point de départ, est le fait qu’on est tous attirés par des choses différentes.
Ainsi, je vais me focaliser sur quelques points précis, quelques parties du problème, en gardant en tête que le sujet est bien plus vaste que ce que j’aborde ici.
Il me semble intéressant de souligner qu’on ressent de l’attirance pour ce que l’on n’a pas. L’attirance est le désir d’une chose que l’on ne possède pas.
Un des sous-ensembles de ces choses que l’on ne possède pas est l’ensemble des choses que l’on ne peut pas posséder. Je vais donc dans cette modeste réflexion me focaliser sur l’attirance envers ce que l’on ne peux pas avoir. Il semblerait que l’impossible (ou du moins l’improbable, le difficilement possible) soit une source qui nourrit l’attirance des hommes. L’attirance est d’autant plus forte que l’est l’impossibilité d’avoir l’objet de notre désir. Cela vient peut-être du sentiment potentiel de puissance ressenti lorsque l’on parvient (ou parviendrait) à franchir cet impossible, et qu’alors on arrive à posséder notre objet de désir. Plus dure est la tâche, plus gratifiante est la récompense.
Il est intéressant de se questionner sur les raisons de cette attirance pour l’impossible. Une des formes de cette attirance est l’attirance pour l’interdit. Il semblerait que beaucoup d’humains se sentent attirés par la transgression. Briser l’interdit attire, l’humain aimant se sentir libre et puissant. Il y a une multitude d’exemples montrant l’intérêt des humains pour la transgression. Plein d’histoires et d’événements découlent de cette attirance pour des choses interdites.
Il faut alors se questionner sur la nature de cet interdit. Il peut s’agir d’interdits sociaux, l’attirance prenant ici par exemple la forme d’un amour entre deux personnes de castes sociales tellement différentes qu’elles rendent leur amour impossible au sein de la société. La pression sociale est telle que leur attirance est interdite, impossible, et que la réussite de l’union de ces personnes, de la concrétisation du désir de l’attirance, est une victoire improbable. Ce genre d’histoire passionne, mais semble appartenir au passé. S’il subsiste malheureusement des tabous et obstacles quant aux rangs sociaux des protagonistes, il ne s’agit plus d’interdits formels. Beaucoup d’attirances qu’on juge impossibles, interdites, sont simplement difficiles, rejetées, et au pire jugées immorales (ce qui pose la question du bien fondé de cette morale).
Ainsi, il est intéressant de se focaliser sur les interdits réels, qui correspondent à la loi. L’interdit devient l’illégal. La question de la morale revient. Les lois défendent-elles la morale ? Certaines lois sont-elles morales ? C’est un sujet vaste de réflexion.
En ce qui concerne l’attirance, dans un contexte sexuel, il est intéressant de se pencher sur les déviances sexuelles qui sont illégales. Un exemple évident de déviance sexuelle illégale permettant d’illustrer cette réflexion est la pédophilie. Comment expliquer l’attirance sexuelle de certaines personnes pour des enfants ? La transgression est-elle la seule explication ? Ou est-elle juste une conséquence d’une attirance bien plus instinctive ? Un pédophile est il attiré par un enfant car c’est un enfant, ou également car cela est interdit, et donc cet interdit l’excite ? Et pourquoi cela est-il interdit ? Imaginons que les relations sexuelles avec des enfants soient légales. Cela serait-il moral ? Il est clair que le consentement est la valeur clé permettant d’encadrer les actes sexuels et les déviances. Mais imaginons un enfant parfaitement conscient de ses actes, et consentant. Cela serait-il une déviance ? Notre dégoût et aversion pour la pédophilie répondent-ils à des impératifs instinctifs ou ne sont-ils que des conséquences de siècles d’histoire morale ? Il me semble essentiel de réfléchir à ces questions.

Quelles conclusions tirer de ces quelques éléments de réflexion ? Où voulais-je en venir ?
L’attirance touche à l’inconscient, à l’instinct. Cet inconscient se construit à partir du contexte social et culturel. Cependant, certaines attirances semblent contredire la morale de ce contexte, en titillant l’interdit, recherchant la transgression. Quelle est donc la part contextuelle dans l’attirance ? L’attirance n’est-elle qu’une construction culturelle, que ce soit dans le cadre de l’accepté que dans celui de l’interdit ?

Il est intéressant de noter que certaines attirances autrefois interdites permettent de faire évoluer la morale vers une acceptation plus juste des différences (je pense notamment à l’homosexualité).

Ces textes étant récents, je n'ai pas beaucoup de commentaire à y faire. Je manque de recul pour les approfondir. Je tiens cependant à préciser quelque chose au sujet de ce texte. Mon but n'est évidement pas de dédiaboliser la pédophilie. Je ne cherche aucunement à en réduire la gravité. Je l'ai juste pris comme exemple afin de réfléchir à la notion d'attirance. C'est un sujet sensible qui mérite de prendre beaucoup de précautions. Je ne vais donc pas répondre aux questions que posent ce texte, qui sont la base de réflexion intéressantes à mener. D'ailleurs, quel est votre avis à ce sujet ?